mercredi 26 mars 2025

Vers une lutte des classes climatique ?

Source : https://www.blast-info.fr/articles/2025/vers-une-lutte-des-classes-climatique-7i6eEkUKSueZ5--IroKdtA


Les rapports du GIEC se succèdent mais rien n’y fait : le consensus sur le seuil maximal d’un réchauffement planétaire global de +1,5° à ne pas dépasser n’est pas suivi de la réaction espérée. La catastrophe climatique s’annonce. Pour l’avocat Sébastien Mabile, c’est par le droit qu’il faut s’emparer du sujet pour réfléchir à la meilleure manière de répartir un stock maximum de gaz à effet de serre à émettre jusqu’à atteindre la neutralité carbone. Les 10% des plus riches étant aujourd’hui responsables de plus de la moitié des émissions, il en appelle à une nouvelle lutte des classes… climatique.

Avocat au barreau de Paris depuis vingt-cinq ans, Sébastien Mabile s'est imposé comme une figure incontournable du droit pénal de l'environnement. Son engagement dans des procès emblématiques - contre TotalEnergies pour le respect de l'Accord de Paris, le groupe Casino pour son implication dans la déforestation amazonienne ou encore Danone pour son usage abusif du plastique - témoigne d’un combat acharné et militant.

Dans son nouvel ouvrage "Justice Climatique, pour une nouvelle lutte des classes" publié chez Actes Sud, il pointe du doigt la responsabilité particulière des ultra-riches dans la crise climatique. Son constat est sans appel et malheureusement connu de tous : le réchauffement de la planète, causé par les émissions de gaz à effet de serre, s'accélère inexorablement. Si l'accord de Paris sur le climat de 2015 visait à limiter la hausse des températures à 1,5°C d'ici la fin du siècle, cet objectif semble désormais hors d'atteinte, les États échouant à concrétiser leurs engagements.

L'année 2023 a parfaitement illustré cette spirale affolante : alors que les catastrophes climatiques se multipliaient, la consommation de gaz et de pétrole atteignait des sommets historiques. La catastrophe climatique semble désormais quasi-inéluctable, avec son lot de conséquences tragiques : élévation du niveau des océans, vastes territoires inhabitables sur tous les continents, extinction massive des espèces... Pourtant, de nouveaux projets d'extraction d’hydrocarbures se développent, le trafic aérien continue sa progression effrénée et l’intelligence artificielle multiplie drastiquement les besoins en énergie, tout ceci accélérant la crise climatique alors qu’il s’agit de la freiner. Face à cette situation critique, l'action politique semble avoir abdiqué.

Le budget carbone de l’humanité

Pour proposer de nouvelles solutions, Sébastien Mabile évoque le principe d’un “budget carbone” restant à l’humanité, qu’il définit comme une estimation théorique des émissions mondiales nettes cumulées de CO², “depuis une date donnée jusqu'au moment où ces émissions deviennent égales à zéro, qui permettraient, avec une certaine probabilité de limiter le réchauffement planétaire à un niveau déterminé”. Le GIEC estime ce budget carbone à 580 milliards de tonnes en équivalent CO² pour ne pas dépasser les +1,5°. Un chiffre qui, au rythme actuel, devrait être atteint dès 2028 alors que la neutralité carbone est visée à l’horizon 2050 selon l’accord de Paris.

Face à l'urgence climatique, la solution s'impose d'elle-même : réduire drastiquement les émissions globales, maintenant. L'ouvrage de Mabile aborde alors une question cruciale : comment répartir équitablement cet effort de réduction ? Le défi est complexe, ce que l’on peut constater à l'échelle individuelle : même en adoptant un mode de vie vertueux - sans voiture ni avion, avec une consommation limitée de viande - nous dépassons encore les seuils recommandés. Selon le cabinet Carbone 4 de Jean-Marc Jancovici, cité par Mabile, les efforts individuels ne permettent en effet de réduire notre empreinte carbone que de 25 à 45%, le reste étant déterminé par l’environnement sociotechnique et politique.

Par ailleurs, 10% de la population mondiale, détenant 52% des richesses, est responsable de plus de la moitié des émissions produites entre 1990 et 2015 ! Plus frappant encore, le 1% des plus fortunés génère à lui seul 15 à 17% des émissions, avec une empreinte moyenne de cent tonnes de CO² par an et par personne - l'équivalent des émissions de 3,8 milliards des individus les plus pauvres. Une élite de super-milliardaires épuise ainsi le budget carbone de l'humanité sans contrainte ni contrôle, tandis que les populations les plus démunies, souvent à l'autre bout du monde, subissent déjà les conséquences dévastatrices du dérèglement climatique.

Face à ce constat, Mabile plaide pour une réglementation du “budget carbone” considéré comme bien commun, impliquant une régulation du droit d’émettre des gaz à effets de serre. Au-delà des symboles évidents comme les yachts de luxe et les jets privés, il préconise l'instauration d'une véritable justice climatique mondiale.

La “Guerre climatique”

Pour Mabile, la justice climatique doit s'appuyer sur un nouvel arsenal juridique solide, légitimé par le droit à vivre des générations futures. Cette nouvelle approche permettrait d'engager la responsabilité des principaux émetteurs de gaz à effet de serre : compagnies pétrolières, institutions bancaires et États.

Notre système dans son ensemble doit être repensé. La réalité actuelle révèle un système aujourd’hui non seulement profondément inégalitaire mais carrément contraire aux principes énoncés. Par exemple, tandis que le citoyen ordinaire est lourdement taxé sur son carburant, les propriétaires de jets privés bénéficient d'une exemption de taxes sur leur kérosène. De la même manière, les usagers du rail s'acquittent de droits de péages kilométriques qui rendent le train coûteux tandis que le transport aérien prospère grâce à de généreuses subventions publiques. Les propriétaires de yachts de luxe, quant à eux, disposent de multiples échappatoires pour contourner leurs obligations fiscales.

En ciblant prioritairement les 10% les plus fortunés responsables de la moitié des émissions mondiales, la justice climatique créerait par ailleurs les conditions d'une acceptation sociale des efforts demandés au reste de la population : la mobilisation des gilets jaunes a démontré qu’il n’y aura pas d’acceptabilité de mesures en faveur du climat sans répartition juste. Il faut donc selon Mabile “empêcher les riches”, en limitant les émissions de chacun en fonction de son niveau de richesse. Un travail qui semble a priori complexe, mais a déjà été modélisé par plusieurs groupes de chercheurs dans le monde, avec divers scénarios.

Remettre en cause les dogmes

Comme le souligne Mabile, le principe de justice climatique n'est pas nouveau dans les relations internationales puisque les accords majeurs sur le climat - le protocole de Kyoto et l'accord de Paris notamment - reconnaissent déjà la responsabilité accrue des pays occidentaux dans la réduction des émissions, comparée à celle des pays en développement, et leur donne en conséquence des obligations plus importantes. Etrangement, cette logique n'a jamais été transposée à l'échelle individuelle.

Pour l'auteur, il faudra pour avancer remettre en question deux dogmes contemporains : le mythe de la croissance infinie et la sacralisation absolue des libertés individuelles, notamment celles de l’entrepreneur. Ces "totems", comme il les nomme, ne peuvent plus servir d'arguments pour bloquer l'action climatique. Mabile rappelle que sur de multiples sujets nos démocraties imposent déjà des limites aux libertés individuelles : la santé publique justifie par exemple la lutte contre le tabagisme, de même que la sécurité routière légitime les limitations de vitesse imposées aux conducteurs. Rien n’interdit donc au nom des droits fondamentaux des générations futures de limiter les émissions de chacun selon ses moyens.

La thèse de Mabile se démarque des discours habituels culpabilisant l'humanité dans son ensemble. La responsabilité dans l’action incombe selon lui clairement à une élite privilégiée qu'il décrit comme prisonnière d'une "vision narcissique de la liberté” dénuée de conscience et oublieuse de ses responsabilités. Cette même élite, consciente qu'elle seule disposera des moyens de s'adapter aux bouleversements climatiques à venir, perpétue un système profondément inégalitaire qu’il invite à combattre. L'auteur appelle ainsi à une nouvelle forme de lutte des classes, dont l'enjeu n'est autre que la survie de notre espèce.

Justice Climatique. Pour une nouvelle lutte des classes, Sébastien Mabile (Actes Sud, 176 pages,15 €)


lundi 20 janvier 2025

Contraindre notre rapport à l’espace dilate notre rapport au temps

Source : https://reporterre.net/Etre-paysan-Quand-une-vie-de-contraintes-devient-joyeuse


Retourner à la terre, c’est réinventer un rapport au monde, où la contrainte peut devenir source d’émancipation, assure notre chroniqueur néopaysan Mathieu Yon. « Il nous manque une poétique du temps long », dit-il.

Les paysans représentaient trois actifs sur dix dans la population française de 1955. Ils ne sont plus que deux sur cent en 2020 ! Plan social massif, « ethnocide des paysans » ou modernisation de l’agriculture... Les causes de cet effondrement varient selon le milieu social et syndical qui les énoncent. Mais toutes ces explications me donnent parfois le sentiment de passer sous silence un autre élément : celui de la transformation radicale de notre rapport à l’espace.

Ce ne sont pas seulement la concentration des terres, celle de la distribution alimentaire, ou le manque de compétitivité des fermes qui expliquent la disparition des paysans. Cela vient aussi d’un bouleversement de notre manière d’habiter, ou plutôt de consommer le monde. Comment réinventer un rapport au monde dans lequel la limite et la contrainte puissent devenir des sources d’émancipation ?

Le choix d’une vie paysanne serait une piste de réponse. Trop souvent, le travail quotidien, dimanches compris, le peu de vacances, le faible revenu, la retraite dérisoire, les aléas de production, de vente, la fluctuation des prix, la concurrence parfois déloyale… viennent briser l’élan optimiste et volontaire d’un retour à la terre. Pourtant, cette vie paysanne se réduit-elle à sa dimension économique ? Ou renferme-t-elle d’autres secrets, qui se découvrent peu à peu, au fil du temps ?

La poétique du potage de courges

Hier soir, je préparai un potage de courges, carottes et persil du champ, que je fis mijoter avec le faitout de mamie pendant deux heures, sur le poêle à bois. Les chênes et les acacias qui chauffaient la maison et cuisaient le repas, nous les avions bûcheronnés à l’automne, choisissant les arbres déjà morts dans les bois entourant les champs. En regardant le feu à travers la vitre du poêle, je ressentais une satisfaction un peu naïve, quelque chose de plein, comme si ma vie faisait partie d’un cycle, même s’il s’agissait d’une simple ponctuation sur les lignes du temps.

Ce n’était pas le grand soir, mais à cet instant, je crois que j’étais heureux. Ce bonheur pouvait-il être contagieux, ou serait-il renvoyé à un mode de vie anachronique, comme un vestige du passé dont on aime à se rappeler l’existence ?

« Une vie paysanne implique de se laisser contraindre par la terre »

Aujourd’hui, nous sommes nombreux à chercher une cabane, perdue dans la forêt, les mots ou les souvenirs. Ces lieux de répit me réconfortent, moi aussi. Mais on passe rarement sa vie entière dans ces refuges, quelques années tout au plus, comme Henry David Thoreau. Je crois qu’il nous manque une poétique du temps long, pour que nos retraits du monde deviennent des modes de vie. Cette expérience de la longue durée, est-elle compatible avec la recherche permanente d’une liberté de mouvement ?

Une vie paysanne implique de se laisser contraindre par la terre, et ce quels que soient les aménagements et les astuces mis en place dans les fermes. Lorsque mon travail diminue en hiver, j’augmente mon temps de lecture et d’écriture. Pourtant, les légumes de mon champ m’obligent toujours à une présence quasi quotidienne. L’astreinte géographique ne disparaît pas. Une part irréductible se maintient.

Comment rendre cette part à nouveau désirable ? Au fond, c’est une question profondément écologique. J’ai exploré ses contours, dans un livre publié récemment (Sortir de l’accélération, pour une écologie du temps) (éd. Nouvelle cité, septembre 2024), et j’ai fait une découverte très simple : contraindre notre rapport à l’espace dilate notre rapport au temps.

Si les champs devenaient des incarcérations joyeuses, nous faisant éprouver les clôtures de la terre et les limites du corps, l’usure de l’esprit et des mains, alors nous céderions un peu de l’arrogance de la modernité. Pourquoi n’y a-t-il pas davantage de paysans ? Pourquoi le renouvellement des générations n’a-t-il pas lieu ? Parce que nous voulons échapper aux lieux qui nous obligent et aux poids de la terre, au bois qu’il faut fendre et au temps qui file entre nos doigts.

Les paysans écrivent des paysages, dans une grammaire difficile, avec des mots et des colères à plusieurs épaisseurs, auxquelles la société devient sourde. Ce ne sont pas les seuls à ne pas être entendus. Une multitude de métiers invisibles attendent, eux aussi, d’être lus, afin de partager leur quotidien lumineux, à travers quelques phrases ordinaires.

vendredi 17 janvier 2025

FNSEA Syndicat de l'agriculture intensive : une série documentaire inédite de L214

Source : https://www.l214.com/stop-elevage-intensif/fnsea

L214 a enquêté sur le plus grand syndicat agricole français, la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), qui prône une agriculture productiviste et intensive.

À l’aide d’images d’archives, d’interviews d’éleveurs et de synthèses graphiques, les épisodes explorent de multiples facettes de ce syndicat faiseur de ministres. Il met en lumière sa restructuration de l’agriculture, ses conflits d’intérêts, mais aussi les conséquences désastreuses de son action pour les éleveurs, l’environnement et les animaux.

Épisode 1 : Un syndicat au lourd bilan
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Épisode 2 : Le malaise des éleveurs
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Épisode 3 : La mafia de l'agroalimentaire ?
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lundi 13 janvier 2025

« Nous vivons une époque im-pensable, in-ouîe »

Source : https://reporterre.net/Nous-vivons-une-epoque-impensable

© Mathieu Génon / Reporterre
Faire que ! L’engagement politique à l’ère de l’inouï, d’Alain Deneault, aux éditions Lux, octobre 2024, 216 pages, 18 euros. 

Comment s’engager politiquement dans cette ère de destruction inouïe ? Le philosophe québécois Alain Deneault évoque l’écoangoisse qui nous saisit, et comment réorienter cette énergie vers l’action. Une piste ? Les biorégions.

Alain Deneault est philosophe et enseigne à l’université de Moncton, au Canada. Il vient de publier Faire que ! L’engagement politique à l’ère de l’inouï, aux éditions Lux.

Lisez ce grand entretien ci-dessous, ou écoutez-le sur une plateforme d’écoute de votre choix. Vous pouvez aussi voir l’entretien en video ici.



Reporterre — Pourquoi vivons-nous une époque inouïe ?

Alain Deneault — Nous sommes soumis à des discours alarmants. Des scientifiques nous expliquent la perte de biodiversité sur des millions d’années et les mutations climatiques sur des milliers d’années, tout cela n’ayant pas de pareil dans l’histoire. Dans une telle situation, penser devient presque impossible.

Penser, c’est comparer, mettre en relation des événements singuliers mais analogues, et les distinguer les uns des autres pour en percevoir la spécificité.

vendredi 10 janvier 2025

Que pensent les agriculteurs ?

 Source : https://www.youtube.com/watch?v=a6Ps5fVXUC4&t=13s

Le 12 décembre 2024, The Shift Project et The Shifters présentaient les résultats de la Grande Consultation des Agriculteurs. 

Cette grande consultation est composée d'étude qualitative suivie d’une enquête quantitative ayant recueilli l’avis de 7 711 agriculteurs et agricultrices sur l’avenir de leur secteur. 

La Grande Consultation des Agriculteurs révèle que la grande majorité des agriculteurs sont prêts à accélérer la transition environnementale de leur secteur : plus de 80 % des répondants souhaitent adopter des pratiques agronomiques plus durables, et seulement 7 % déclarent ne pas souhaiter s’engager ou accélérer la transition de leur exploitation.

Lire les résultats de la Grande Consultation des Agriculteurs : https://theshiftproject.org/article/r... 
Lire le rapport final "Pour une agriculture bas carbone, résiliente et prospère" : https://tinyurl.com/45yysxkx



vendredi 3 janvier 2025

Une BD de Philippe Bihouix et Vincent Perriot : "Ressources : Un défi pour l'humanité"

Source : https://bedetheque.com/BD-Ressources-Un-defi-pour-l-humanite-505568.html

Ressources : Un défi pour l'humanité
Une BD de Philippe Bihouix et Vincent Perriot chez Casterman - 2024

À en croire les milliardaires de la Silicon Valley, notre destin passerait inéluctablement par les métavers, l'intelligence artificielle, les robots autonomes et la conquête spatiale, tandis que les énergies renouvelables et les voitures électriques nous permettraient de maintenir notre « niveau de vie » tout en poursuivant la croissance économique et en « sauvant » la planète au passage. Mais les limites planétaires se rapprochent dangereusement : changement climatique, effondrement de la biodiversité, dégradation et destruction des sols, pollutions globales... Alors peut-on croître indéfiniment ? Et si la contrainte sur les ressources matérielles à disposition, sur la planète et même dans le système solaire, mettait fin à cette course en avant effrénée ? Ressources dresse un état des lieux sans concession, mais ouvre des pistes concrètes vers un avenir durable. Un dossier complète l'album avec 12 pages d'informations complémentaires, de glossaire et de sources.

LE MONDE RÊVÉ DE MUSK N'EXISTERA PAS - Philippe Bihouix | LIMIT



Entretien avec Philippe Bihouix, auteur de la BD Ressources


dimanche 22 décembre 2024

Les classes sociales face à l'écologie avec Cédric Durand et Clément Sénéchal

 Source : https://www.youtube.com/watch?v=1W8gM2KqLU4

Les classes sociales face à l'écologie avec Cédric Durand et Clément Sénéchal


Comment expliquer que l’écologie échoue encore à se définir comme une véritable force politique et une cause sociale ? Analyser les rapports de classes pourrait-il nous aider à comprendre ce qui retarde la bifurcation écologique ? Une politique de planification écologique qui ne pourra se faire sans les classes populaires. Les calottes glaciaires fondent. Les catastrophes liées aux conditions climatiques se font plus fréquentes et plus intenses. Les écosystèmes sont menacés et les réfugiés climatiques déjà une réalité. Les climatologues sont formels : la Terre se réchauffe à un rythme soutenu, et l’humanité ne pourra en éviter les conséquences tant les objectifs pour limiter ce réchauffement sont déjà dépassés. Si une large part de la population est convaincue de la nécessité d’une transition écologique, force est de constater que l’écologie échoue pourtant à fédérer. Souvent décriée, elle est source de tous les maux à en croire les populistes. « Pourquoi l’écologie perd toujours ? » s'interroge 𝐂𝐥𝐞́𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐒𝐞́𝐧𝐞́𝐜𝐡𝐚𝐥 dans son livre à paraître, après dix années passées chez ‪@greenpeacefr‬. Pourquoi certaines personnes parmi les plus précaires – celles et ceux qui sont touchés de plein fouet par les conséquences du dérèglement climatique, tournent-elles le dos à l’écologie ? Dans le même temps, les capitalistes verdissent leurs discours pour plaire à la bourgeoisie, n’ayant rien à gagner d’un bouleversement du système. Et si les rapports de classes pouvaient nous aider à comprendre ce qui retarde la bifurcation écologique ? Un virage à 180° dans les modes de production est pourtant nécessaire, virage que le marché, seul, ne prendra pas. Une telle transition requiert une politique de planification écologique ambitieuse, c’est ce que propose l’économiste 𝐂𝐞́𝐝𝐫𝐢𝐜 𝐃𝐮𝐫𝐚𝐧𝐝 dans 𝐶𝑜𝑚𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑏𝑖𝑓𝑢𝑟𝑞𝑢𝑒𝑟, ouvrage qu’il co-signe avec 𝐑𝐚𝐳𝐦𝐢𝐠 𝐊𝐞𝐮𝐜𝐡𝐞𝐲𝐚𝐧. Un changement de paradigme qui ne se fera pas, rappelle-t-il, sans les classes populaires. Une rencontre programmée par 𝐎𝐥𝐢𝐯𝐢𝐞𝐫 𝐌𝐚𝐫𝐭𝐢𝐧𝐚𝐮𝐝 et modérée par 𝐉𝐮𝐥𝐢𝐞 𝐆𝐚𝐜𝐨𝐧, journaliste.

vendredi 6 décembre 2024

Chronique radio : Taxez-nous !

Source : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-l-actu-du-jeudi-05-decembre-2024-8942394


Dans les dix dernières minutes de La Terre Au Carré, une Lutte enchantée par Marlène Engelhorn

Marlène Engelhorn est l’héritière de l’entreprise BASF et a co-fondé l'initiative "tax me now", taxez-moi. Elle est aujourd'hui la plume de La lutte enchantée.

La plupart des grande fortunes ne s'accumulent pas par le travail, mais par l'héritage. Marlène Engelhorn a hérité à 30 ans de dizaines de millions de dollars, mais elle s'est révoltée contre cet événement. Elle a ainsi co-fondé l'initiative "taxmenow" avec un groupe de personnes fortunées qui luttent pour la justice fiscale en interne.

TAXMENOW https://www.taxmenow.eu/

Autre article : https://lareleveetlapeste.fr/la-jeune-multimillionnaire-marlene-engelhorn-va-redistribuer-son-heritage-de-25-millions-deuros/ 

samedi 23 novembre 2024

La carte des pensées écologiques

Source : https://bonpote.com/la-carte-des-pensees-ecologiques/


La carte des pensées écologiques est enfin disponible !

Il aura fallu des mois de discussions et de travail collectif pour aboutir à cette carte qui a l’ambition de représenter dans toute leurs pluralités les pensées de l’écologie politique en montrant les liens entre ses principaux courants, penseurs et penseuses, luttes et organisations.

L’objectif premier est de montrer que l’écologie est un champ de bataille, un terrain où s’affrontent des idées. En conséquence figurent sur cette carte des « écoles » pauvres en apports théoriques mais riches en capitaux et en relais d’influence. Comme toute cartographie également, elle fige des positions par nature dynamiques, des espaces mouvants, et impose une vision qui lui est propre.

Cette citation d’André Gorz résume bien la situation :

“Si tu pars de l’impératif écologique, tu peux aussi bien arriver à un anticapitalisme radical qu’à un pétainisme vert, à un écofascisme ou à un communautarisme naturaliste”.

La carte des pensées écologiques n’aurait jamais vu le jour sans un formidable travail de toute l’équipe du média Fracas. Nous avons décidé de la laisser gratuitement en accès libre. Pour soutenir Fracas et avoir la version poster, vous pouvez acheter leur premier numéro directement sur ce lien. Abonnez-vous pour soutenir la presse indépendante !

En PDF (HD)

mardi 19 novembre 2024

Notre régime de croissance : individualisme et naturalisme


« La croissance n’est pas une valeur en soi de notre société, mais en quelque sorte le résultat fatal de la forme horizontale de ses institutions. Elle n’est pas le résultat d’un investissement culturel opéré par des puissances maléfiques. Elle découle directement de la libération des particules élémentaires décrétée par l’horizontalisme : une fois « désolidarisés » de la société, les individus sont naturellement amenés à s’engager sur la voie de la croissance, en raison du sentiment de précarité accru par l’isolement. »

Onofrio Romano, Towards a Society of Degrowth, Routledge (2020), p. 91.

Dans ce séminaire inspirant, Onofrio Romano s'inspire de Georges Bataille pour revisiter le concept de décroissance. Il démontre que le problème n’est pas la rareté mais l’abondance d’énergie qui pèse sur le vivant ; la solution ne passe pas par une sobriété utilitariste mais par une reprise de confiance envers l’art de la dépense improductive.

Le régime de croissance dans la modernité : 

  • précarisation mobilisante
  • dépense privée
Le contre-régime de décroissance :
  • protection désactivante (via des structures "providence")
  • dépense collective

vendredi 15 novembre 2024

Naomi Klein : « Nous avons besoin d’un populisme écologique »

 Source : https://reporterre.net/Naomi-Klein-Nous-avons-besoin-d-un-populisme-ecologique

© Cha Gonzalez / Reporterre

Reporterre - 11–14 minutes

Naomi Klein, activiste et intellectuelle canadienne, explique la victoire de Trump par l’incapacité de la gauche et des écologistes à parler des problèmes concrets des gens. Elle plaide pour un « écopopulisme ».

La journaliste et essayiste canadienne Naomi Klein, connue pour avoir publié No Logo et La Stratégie du choc (Actes Sud, 2001 et 2008) vient de sortir un nouveau livre : Le Double — Voyage dans le monde miroir, toujours chez Actes Sud. Dans cet entretien, elle fait le procès de la gauche étasunienne : « Nous devons nous concentrer sur des politiques écologiques qui soient aussi des politiques de redistribution économique. »


Inondations en Espagne : 2 scientifiques (climatologue et géographe) s'expriment sur les faits, les causes... et expriment leurs émotions !!!

 Source : https://www.youtube.com/watch?v=fqioyjOkf1c

Ça me détend tellement que des scientifiques disent à la fois les faits scientifiques et partagent leurs émotions... empathie empathie empathie...


00:00 : Introduction 02:34 : Que racontent les inondations en Espagne ? 06:27 : Le sentiment d’impuissance et la colère des scientifiques 12:56 : Comment le dérèglement climatique intensifie les orages 16:56 : Des inondations aggravées par une urbanisation brutale 24:48 : Les conséquences du climatoscepticisme au pouvoir / l’impréparation 29:05 : « Les valeurs du RN sont incompatibles avec la transition » L’extrême droite et l’écologie 42:05 : Le traumatisme des victimes de catastrophes climatiques 44:32 : S’adapter à une France à +4°C ? 51:13 : Comment s’adapter ? Nous avons les solutions 55:35 : Conclusion

De Paloma Moritz avec Christophe Cassou, climatologue et Magali Reghezza, géographe. 



mercredi 6 novembre 2024

La transition écologique bute sur la difficulté de l’action publique à assumer les divergences d’intérêt : "L’écologie ne nous rassemble pas, elle nous divise"

Source : https://partieprenante.com/transition-ecologique-pourquoi-on-ny-arrive-pas/

La suite en plus développé : https://www.atelier-territoires.logement.gouv.fr/IMG/pdf/attitudes_transition_extrait-bouger-les-lignes_vf_pdf_1_.pdf.pdf


Transition écologique : pourquoi on n’y arrive pas

Publié le Nicolas Rio et Manon Loisel - Temps de lecture : 8 min.

Extraits : 

L’inefficacité des démarches stratégiques sur les politiques de transition découle de leur dépolitisation

[...]

La question n’est pas uniquement d’estimer combien ça coûte, mais surtout de savoir qui va payer. Doit-on faire financer l’amélioration de la qualité de l’air par les ménages (souvent précaires) qui roulent en diésel ? La lutte contre l’artificialisation des sols va-t-elle se faire aux dépens de la retraite des agriculteurs (qui comptent sur la plus-value foncière de l’extension urbaine pour financer leurs vieux jours) ? La transition écologique est aussi et avant tout un sujet d’allocation de la ressource, et de sa redistribution.

Alors que tout le monde s’accorde à dire que la transition écologique doit aussi être sociale, la question redistributive reste un angle mort des politiques mises en œuvre. Les choses commencent doucement à bouger au niveau national, comme en témoigne le rapport Mahfouz/Pisani-Ferry. Au niveau local, on en est encore loin. Quand est-ce qu’on parlera fiscalité locale dans les plans climat ?

Que faire une fois ces constats posés pour éviter de sombrer un peu plus dans l’écoanxiété ? No sé. Mais à ce stade, on se dit que notre planche de salut viendra plus de la lucidité du doute que de la recherche de solutions. Pris dans l’agitation permanente face à l’urgence climatique, nous éprouvons le besoin de prendre du recul sur l’impuissance des collectivités et de l’Etat à amplifier la transition. D’ouvrir l’espace du doute de manière plus collective pour développer nos capacités d’auto-défense contre le greenwashing de l’action publique. 


Texte complet

vendredi 1 novembre 2024

Mise en récit : repères et ressources

 Source : https://fabriquedestransitions.net/recherche/mise-en-recits

La mise en récits par Julian Perdrigeat

Au-delà du "storytelling", la mise en récits est un outil stratégique pour conduire le changement et repenser le fonctionnement de nos organisations. Découvrez les cinq dimensions de l'approche narrative et la manière dont ils peuvent servir les transitions.



mercredi 30 octobre 2024

La fabrique des transitions - le podcast

  Source : https://oldpodcasts.ouest-france.fr/user/1-35-Territoires-Audacieux.fr



Et si on changeait nos habitudes en prenant exemple sur celles et ceux ayant déjà entamé une démarche de changement ? La Fabrique des transitions est un podcast d'inspiration qui part, chaque mois, à la rencontre de collectivités locales pionnières dans leur domaine. Objectif ? Donner des clés de compréhension et des idées aux élus et agents des territoires qui veulent entrer en transition.

Pour y arriver le podcast, La Fabrique des transitions, est basé sur le programme Territoires Pilotes (https://www.fabriquedestransitions.net/article67_fr.html). Il regroupe 10 territoires répartis dans toute la France (https://territoires-pilotes-fdt.gogocarto.fr/annuaire#/carte/@47.00,-8.88,5z?cat=all). Ce sont des collectivités de tailles différentes qui souhaitent monter en connaissances et en compétences, afin d’amorcer, d’accélérer ou d’opérer un changement d’échelle des démarches de transition sur les territoires. Pour cela, elles sont accompagnées par la Fabrique des Transitions et ses alliés. À chaque épisode, une thématique sera abordée et différents acteurs territoriaux interviendront pour raconter et expliquer les solutions qu’ils ont mis en place.

Ce podcast est réalisé par Territoires Audacieux (http://territoires-audacieux.fr/), un média dédié aux initiatives à impact positif des collectivités publiques

dimanche 20 octobre 2024

[PODCAST] (Re)toucher terre

  Source : https://www.localos.fr/re-toucher-terre/


  • Podcast #1 « Comment se prépare un projet de vie à la campagne ? »
  • Podcast #2 « Télétravailler à la campagne »
  • Podcast #3 « Culture et ruralité »
  • Podcast #4 « Ouvrir un commerce en centre bourg »
  • Podcast #5 « Le retour des paysans »


Tirons-nous... au sort !

Source : http://stories.agoralab.fr/tironsnous/



Formation : Défendre notre démocratie

 Source : https://www.et-maintenant.org/



Livre et podcast : Pour en finir avec la démocratie participative ?

 Source : https://www.editionstextuel.com/livre/pour_en_finir_avec-_la_democratie_participative




samedi 19 octobre 2024

Documentaire Demain la vallée

Source : https://www.alimenterre.org/demain-la-vallee


Face au changement climatique , des citoyens et citoyennes, des agriculteurs de différents secteurs, accordent leurs voix pour décider ensemble des transformations justes de l’usage de leurs terres. Une expérience scientifique a été réalisée dans le cadre du programme européen “Just Scapes" pour des paysages justes dans la vallée de l’Arac, en Ariège. Ce documentaire raconte cette histoire.


Suites du documentaire : 

https://www.just-scapes.fr/post/des-nouvelles-de-l-arac-ce-qui-s-y-passe-suite-au-projet