jeudi 16 avril 2009

Management, santé physique / psychique, performance

Source : Basta


Un texte long et très fouillé mais qui vaut son pesant de cacahuètes.

Auteur : François Daniellou, professeur d’ergonomie à l’Institut de Cognitique de l’Institut Polytechnique de Bordeaux.

Intro

"La crise, c’est aussi celle de l’organisation du travail qui prévaut depuis les années 70 et le déferlement de l’offensive libérale. Une organisation basée sur des ratios, des tableaux, des indicateurs tous plus fictifs les uns que les autres et un discours managérial lénifiant déconnecté de la réalité des ateliers, des bureaux, des universités ou des hôpitaux. François Daniellou, professeur en ergonomie (l’étude de la relation entre l’homme et ses moyens, méthodes et milieux de travail) propose de repenser totalement la notion de « performance » dans l’entreprise : une performance qui serait basée sur l’écoute, le dialogue et la capacité créative des travailleurs et des collectifs. Une remise en cause du sens même du travail alors que stress et souffrances psychiques s’accentuent."

Conclusion

Les questions de travail et de santé au travail ne sont pas un luxe qui devrait être laissé de côté par temps de crise. De la crise, toutes les entreprises ne se sortiront pas, de nombreux salariés ont déjà perdu ou perdront bientôt leur emploi. Certaines entreprises croient que le chemin de la survie passe par l’accentuation, supposée provisoire, de la prescription descendante, du contrôle et, dans certaines d’entre elles, du mépris. Nous pourrions être tentés de faire le gros dos et d’attendre que la crise passe. La crise industrielle est une crise de la perte de contact avec la réalité du travail et des objets du travail, une crise du tout top down, d’un fonctionnement où seules valent les informations descendantes, une crise du monde de cristal alimenté par des visions et des ratios déconnectés de la réalité, une crise des modes de gouvernance basés sur la toute-puissance du calcul anticipateur, le mépris de l’intelligence et de la capacité créative des travailleurs et des collectifs. (…)

Améliorer la performance, ce n’est pas augmenter les cadences, ni trouver une zone dans le monde où les salariés sont un moindre coût, améliorer la performance c’est plutôt prendre conscience du gigantesque bazar que sont la plupart des outils productifs, de la futilité des indicateurs de gestion, du temps de travail plus souvent consacré à rendre compte du fait que « tout va comme prévu, chef » qu’à s’affronter à la réalité qui résiste. Améliorer la performance suppose de prendre conscience du caractère artificiel des messages managériaux dominateurs et de la nécessité de les rendre humbles. Améliorer la performance, c’est d’abord s’approcher plus près de la réalisation quotidienne, en ouvrant les yeux et en tendant l’oreille. (…)"



Ce texte reprend des extraits de l’introduction de François Daniellou prononcée le 19 mars 2009 lors des 16e Journées de Bordeaux sur la Pratique de l’Ergonomie. Vous pouvez le lire dans son intégralité sur le site de la Société d’ergonomie de langue française.

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