dimanche 28 juin 2009

Penser l’exode de la société du travail et de la marchandise


A lire dans le calme : c'est pas du Pif gadget !
Mais ça fait tomber des barrières intellectuelles.

Penser l’exode de la société du travail et de la marchandise
Par
FABRIQUE DES IDEES - Le philosophe André Gorz revient, dans l’un des derniers textes parus avant sa mort, sur la dynamique du capitalisme financier et sur les raisons qui permettent de voir dans le revenu social garanti une occasion de sortir du capitalisme. 25 septembre 2007.

A lire ici : Article sur le site de la Revue Mouvements

Extraits :
"Le capital fixe humain n’est pas, comme le capital fixe ordinaire, du travail mort « objectifié », servi ou mis en œuvre par du travail vivant. Il est, au contraire, de la même nature que le travail vivant. Résultat de l’activité et de l’expérience propres de l’individu social, le capital humain fixe non seulement est à lui, il est lui-même, fruit de sa capacité à se produire lui-même. Il en découle que pas plus que les individus développés n’ont eu besoin d’une entreprise capitaliste pour se produire, pas plus ils n’ont besoin d’une entreprise capitaliste pour mettre en œuvre « leur capital », c’est-à-dire leurs capacités, de façon productive. Ils peuvent en principe s’émanciper du capital, se soustraire au capitalisme pour autoproduire des biens matériels et immatériels pour leur propre usage commun en les soustrayant à la forme valeur, c’est-à-dire à la forme argent, à la forme marchandise. Cette possibilité de soustraction et donc d’appropriation du travail qui est aussi refus et abolition du travail, ouvre une brèche dans le système par laquelle peut en principe s’amorcer un exode de la société du travail et de la marchandise."

"La totalité des produits nécessaires à une « vie attrayante » peut, selon Frithjof Bergmann (qui décompte trente-huit de ces produits) être fabriquée localement dans des ateliers de quartiers ou des ateliers mobiles avec une dépense de travail largement inférieure, une productivité très supérieure à celles de leur production industrielle. Et cela sans parler des économies qu’entraîne la désintermédiation, la relocalisation, la simplification extrême de la gestion."

"Un nouveau pas de géant est franchi avec la mise au point des « fabbers » ou « digital fabricators » qui, transportables dans un break ou une camionnette, peuvent fabriquer n’importe quel objet à trois dimensions en un minimum de temps et à coût minime. Dans un article publié dans le Open Source Jahrbuch 2005, Stefen Merten et Stefan Meretz, cofondateurs d’Oekonux, décrivent le fabber comme une machine qui ne prédétermine ni ne limite les fins en vue desquelles elle est utilisée ; une machine qui, à la différence des robots, ne se borne pas à automatiser et à copier un procès de travail déterminé. N’importe quel procès peut être programmé sur un même appareil. Celui-ci préfigure une société dans laquelle « l’énergie et la créativité humaines ne sont plus requises que pour produire les biens informationnels » qui mettront en marche les procès de fabrication. Les fabbers « abolissent toute limitation de l’épanouissement des facultés humaines"

"F. Bergmann semble surtout soucieux de réfuter les objections conservatrices, selon lesquelles l’autoprodcution, en réduisant le montant des revenus monétaires dont la population aura besoin, permettra aux entreprises d’abaisser les salaires et de précariser l’emploi à outrance. F. Bergmann a raison de soutenir la thèse inverse : moins nous aurons besoin de gagner de l’argent, moins nous serons enclins à accepter des emplois mal payés et dégradants. Dans la mesure où le développement de secteurs soustraits au rapport de capital démontre et annonce par sa dynamique qu’une autre vie est possible au-delà du capitalisme, la lutte contre celui-ci pourra se durcir, se radicaliser, abandonner toute retenue sans craindre de mettre l’économie en danger."



Dans un dossier sur la décroissance de la Revue Mouvements : dont je conseille les articles N°1 - 4 - 5.

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