- la déconnexion du revenu et du travail qui aboutit au revenu d'existence.
- la réappropriation par les citoyens des usages et du contrôle de la monnaie.
Avenir de la monnaie: ni étatismes, ni individualismes privés (1.9)
L’argent n’est pas tout mais la monnaie se retrouve dans toutes les cultures. Artificiel - et seulement légal - l’argent rattrape pourtant tout le monde: riche ou misérable, de droite comme de gauche, croyant ou incroyant, etc... et partout sur la planète! Donnons force publique, et pas simplement étatique, à ce lieu commun objectif.
Les banquiers privés anonymes comme les états-propriétaires ont montré leur double incapacité à accomplir cette tâche: distribuer une monnaie saine.
Beaucoup disent "L'argent est le nerf de la guerre". Si nous le domestiquions, il pourrait devenir instrument de paix. Pour transformer “le mauvais maître en bon serviteur” nous devons constituer un pouvoir monétaire; indépendant au maximum de l’exécutif et du législatif, inspiré par le judiciaire et ancré dans l'esprit de démocratie: un pouvoir “monétatif”(1).
Pour ce pouvoir monétaire que les citoyens ont à forger, des élections classiques ne sont pas adaptées: elles sont poreuses à l’argent, l'histoire le montre! D’autre part les politiciens, de leur aveu même, sont déjà surchargés de travail et de responsabilités: ce ne serait pas sage de leur en attribuer davantage.
Nous pensons qu’un "gouvernement de l'argent" et donc des banques locales, commerciales, d’états, mondiales ou autres institutions financières, est possible au moyen de conseils citoyens attachés à chaque organisme s'occupant de monnaie.
Ces conseils regrouperaient une majorité de citoyen-nes tirés au sort et acceptant cette charge. A ces tirés au hasard il conviendrait d'ajouter des élus des travailleurs de la banque et des contributions afin de garantir une compétence financière.
De nombreuses personnes peuvent penser qu'il s'agit là d'une forme d'abandon du suffrage universel, mais il n'en est rien. La monnaie, répètons-le, touche tout le monde (comme la justice). Chacun a une expérience et peut intervenir (2).
Nous ne devons pas voir le système bancaire comme monolithique, entièrement mauvais ou trop compliqué. Il va du plus humain au pire gangstérisme pillant tout, y compris les fonds publics.
Suivant les pays, des banques, de nombreuses petites banques honnêtes ou réellement mutualistes et participatives existent ou peuvent se créer localement. Cette banque près des intérêts des populations peut sortir d'une timidité par rapport aux argentiers dominants et autres mégabanques de spéculation et de contrôle partial des crédits. Appuyée sur des forces citoyennes, elle peut en accord avec les forces politiques de proximité, déclencher un mouvement d'appropriation légitime des monnaies par leurs acteurs pour dépasser la crise... Des citoyen-nes peuvent prendre l’habitude d’aller voir leurs banquiers - non plus seulement individuellement - mais en délégation, comme ils rencontrent leurs élus politiques. Ceci afin de négocier des crédits plus équitables...voire se mettre d'accord le jour venu sur une diffusion de monnaie locale de résistance et de partage... garantie par des spécialistes.
Beaucoup disent que ces propositions sont intéressantes, mais pour qu'elles puissent atteindre l'efficacité il faut réexaminer en profondeur le travail des banques et autres institutions financières.
Beaucoup disent que ces propositions sont intéressantes, mais pour qu'elles puissent atteindre l'efficacité il faut réexaminer en profondeur le travail des banques et autres institutions financières.
Effectivement il y a deux "métiers" à démêler pour sortir de la crise monétaire permanente et entrer dans un respect de l'écologie et de l'activité de chacun; rémunérée ou pas.
- Soient les banques et institutions financières spéculent et "font de l'argent avec de l'argent" (non-sens économique) et elles relèvent socialement d'un système d'impôts et de taxes mondial à l'heure des "paradis fiscaux".
- Soient elles gardent les dépôts de leurs clients et organisent le crédit à l'économie réelle en mettant en relation emprunteurs et prêteurs à des taux tenant compte de l'inflation-déflation et de la croissance-décroissance mais en tous cas éloignés de l'usure (3).
- Soient elles gardent les dépôts de leurs clients et organisent le crédit à l'économie réelle en mettant en relation emprunteurs et prêteurs à des taux tenant compte de l'inflation-déflation et de la croissance-décroissance mais en tous cas éloignés de l'usure (3).
Il faudra qu'elles choisissent entre ces deux métiers. Et nous devons soutenir cette seconde banque-là - locale voire artisanale - contre les gangsters prédateurs spéculateurs (4).
Les gens de Wörgl (1932-1933) en Autriche ou de Lignières (1956-1958) en France, pour s'en tenir à ces deux cas car il y en a d'autres, ont défriché la voie et nous montrent un chemin.
C'est un chemin d'honnêteté complète, irréprochable sur le plan financier, éthique (5). Une constante: s'il y a soutien politique local, il y a attaque par les hautes sphères politiques qui n'hésitent pas à utiliser une justice instrumentalisée. Il faut se préparer à un combat résolument non-violent mais déterminé. Sans concessions à l'égard de ceux qui en sont encore à vouloir faire exister Mammon.
(1) pour parler à l'allemande.
(2) Le modèle non-utopique existant dans le cadre du pouvoir judiciaire, est celui du jury de cour d’assises. Il réunit citoyennes et citoyens tirés au sort avec des juges professionnels pour assurer la compétence. Les résultats de ce type de jury mixte sont supérieurs à ceux des jurys uniquement professionnels ou exclusivement amateurs. Le tirage au sort figurait déjà au programme de la première tentative démocratique.
(3) Ce qui n'est pas le cas actuellement où les mégabanques cachent leurs prédations sur la consommation derrière des sociétés de crédit qui sont en fait leurs filiales et prêtent à des taux scandaleux.
(4) Pour en savoir plus. Je ne suis pas un pro de la monnaie et je ne vais pas le devenir. La monnaie ordinaire va de mains en mains et normalement sert plusieurs fois. Avec une monnaie qui circule bien on n'a pas besoin de masses monétaires énormes.
Mais au total, les monnaies officielles actuelles circulent très mal. Elles sont gangrènées par la thésaurisation qui immobilise et la spéculation qui engendre une circulation intense sans effets économiques positifs et avec des risques négatifs pour les entreprises réelles. La monnaie spéculative (très majoritaire, actuellement de 93% à 97% des transactions. Cela indique le niveau de notre "congestion" monétaire) va hypervite d'un "paradis" à un autre. Cela fabrique soi-disant "de l'argent avec l'argent". En réalité c'est seulement de l'argent qui change de poche. Il y a des spéculateurs voleurs et des spéculateurs volés.
Cette monnaie qui en apparence va très vite est en réalité immobilisée pour la population et l'économie réelle. Elle "rapporte" sans coûter alors que tous les autres biens et services occasionnent des frais de garde ou de conservation.
Cette monnaie qui en apparence va très vite est en réalité immobilisée pour la population et l'économie réelle. Elle "rapporte" sans coûter alors que tous les autres biens et services occasionnent des frais de garde ou de conservation.
Si le vol s'arrêtait entre mégabanques on pourrait en sourire. Mais une drogue est une drogue. Un trader et sa banque, un joueur en état de manque est prêt à tout pour se refaire! Il vend alors du réel et nombre d'entreprise sont mises en panne et les travailleurs au chômage. Par cette suite la spéculation vole, confisque, stérilise de l'énergie humaine et la dirige.
La monnaie possédée par des banques et autres institutions financières qui jouent au casino, ne contribue pas ou peu à faire tourner l'économie (ou alors pour des projets qui ont peu à voir avec l'intérêt général). Pour la majorité des gens et des entreprises utiles, c'est l'anémie monétaire permanente plus ou moins grave.
Le pillage s'accentue aussi à travers des intérêts prélevés en chaîne tout au long des processus productifs. Intérêts sur les fonds prêtés aux entreprises. Intérêts sur des prêts à la consommation à des taux usuriers. Sur un bien ou un service les intérêts cumulés peuvent facilement représenter la moitié du prix payé.
La bourse au jour le jour devrait être fortement taxée. Ce rythme de prêts journaliers, par semaine ou quinzaine n'a rien à voir avec les nécessités des entreprises réellement productrices de biens et de services. La prise de risque est une nécessité de l'innovation, mais la spéculation est un mal. Il est indispensable de revenir les pieds sur terre et de taxer de plus en plus les transactions au jour le jour et les produits financiers qui ne fabriquent de l'argent qu'à partir d'argent. Ces taxes pourraient alimenter un légitime pouvoir supra-national né d'une ONU plus opérationnelle.
L'affreuse confiscation est bien installée. Tous les états même les mieux gérés tombent dans les dettes. Les états et des services publics qui ne peuvent (article 104 de Maastricht ou 123 de Lisbonne) battre monnaie souverainement doivent eux aussi passer par des prêts privés.
(5) Pour mieux imaginer comment sortir d'une crise multiséculaire, il faut regarder les choses de l'argent où nous trempons tous, par un autre bout: celui de la fraternité humaine et des valeurs éthiques, conditions du "vivre ensemble". Quelle est la source de la valeur monétaire?
Cette valeur n'est jamais dans le billet ni dans l'or ou autre "refuge" artistique ou diamantaire qui la cache et la réifie. La valeur est dans les échanges humains eux-mêmes. Ceux-ci sont faussés, découragés ou poussés à la violence par une monnaie partiale qui enrichit les riches et multiplie les pauvres. Au contraire ils sont enrichis et facilités par une monnaie équitable irriguant l'ensemble du corps social et donnant confiance. Le battage de cette monnaie - quel que soit l'étendue de son territoire - appartient aux peuples dans le cadre d'une éthique extrêmement attentive à la justice. Banque de law, assignats et accreditos argentins n'ont pas disparus pour rien...ils balisent des impasses.
Si des monnaies craquent à cause de cupidités et de malhonnêtetés accumulées et deviennent incapables de se réformer, il faut en installer d'autres, nettement plus fidèles à l'échange équitable entre individus également dignes.
Ceci a presque été pratiqué en 1945 lorsque la république fédérale d'Allemagne ruinée après la guerre a créé un Deutsch Mark longtemps exemplaire. Auparavant ceci avait été pratiqué avec succès localement. Et réprimé - dès que la réussite arrive - par les institutions officielles (gouvernements et justice de l'époque). Mais des Wörgl (1932-33) et des Lignières (1956-58) honnêtes et multipliées ne pourront être interdites sur l'ensemble des cinq continents. La crise actuelle est loin d'être finie, elle provoque des tentatives monétaires autonomes ( SEL, WIR, Argentine 1998, Allemagne, Espagne, France, Italie, Angleterre 2008, etc...). Un esprit de "fédération de monnaies équitables" capable de chasser les monnaies perverses peut arriver assez vite à l'heure d'internet.
Plus les autorités monétaires et politiques mondiales manifestent un "manque de courage", une complicité pour éviter d'affronter la réalité de la captation de richesse induite par le système monétaire en vigueur, plus les réactions défensives seront nombreuses. Ca vaut mieux que les écroulements sociaux ou les chantages violents... Ca n'aura pas que des avantages... ni que des inconvénients!
Ce sera un retour à l'essentiel, au nécessaire, à la simplicité, au local à plus d'écologie.
Ce sera aussi une démarche vers la généralisation de versement de revenus non liés au travail puisque le travail n'est plus garanti à tous dans les faits.
Cette distribution à tous d'une part significative du PIB est la parade pour éviter des catastrophes en nous mettant de fait "ensemble". Depuis que, dès les débuts du xxième siècle, l'abondance de production est possible grâce aux machines. L'abondance des biens et services de base est possible pour tous, mais elle est systématiquement annulée par une soi-disant surproduction. Cette surproduction est factice et résulte du fait que des milliards de personnes sont insolvables. Un revenu de dignité non lié à un emploi rémunéré, pourrait anéantir cette insolvabilité et permettre d'acheter du lait ou autres denrées "surproduites"! Fin de la faim?
Il ne faut pas croire que la majorité des gens resterait oisifs avec un modeste revenu sans travail! Le bénévolat, les travaux séculaires des femmes au foyer, non-rémunérés et combien utiles, l'auto-entreprise - au noir s'il le faut - les activités créatrices inventées pour survivre ont toujours existé et pourront se développer plus largement et plus librement.
Parmi les modifications du climat humain (premier climat risquant de se dégrader ou de s'améliorer) on peut espérer en premier un climat plus convivial, moins crispé et plus coopératif.
Sans doute faut-il aussi avoir l'intelligence de mutualiser la recherche et l'échange des trouvailles des uns et des autres. Certaines multi-nationales après avoir tenu indûment le haut du pavé seront mises en vente par tranches. Qui s'en plaindra?
Bien des projets économiques sont certainement démesurés mais, plus gravement encore, mal orientés. Les priorités devraient viser:
- l'agriculture (biocompatible, soutenable, durable, évidemment),
- une éducation initiale et permanente la plus largement répandue (avec un espéranto libre comme base linguistique de la diversité des nations pour faciliter une intercompréhension populaire)
- une baisse importante de l'énergie humaine consacrée au militaire violent. L'attaque militaire (chaude ou froide, nucléaire ou pas) doit être déclarée hors la loi. Une armée n'est légitime que sur son propre territoire et pour sa défense. La suppression de l'attaque est une utopie, mais l'éthique et l'intérêt bien compris la soutiennent. Elle a le mérite d'être "frontièrement" claire et modifie profondément la liste des états et des forces privées observables comme "voyous".
En résumé pour faire évoluer les choses économiques et monétaires à l'abri des idéologies religieuses, antireligieuses ou politiques, nous trouvons comme solution la création d'un "pouvoir monétatif" à constituer le plus indépendamment possible des pouvoirs exécutif, législatif et même judiciaire (bien qu'il s'en rapproche).
Michel Portal
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