mercredi 25 juillet 2012

La misère, dévoiement de la pauvreté

Source : LaViedesIdées.fr
par Blandine Destremau [27-04-2009]
  • pauvreté n’est pas misère. [...] Et cette confusion, commune, a des conséquences désastreuses. Ses présupposés fondamentaux sont ceux « d’un langage fondamentaliste qui, au nom de la lutte contre la pauvreté, empêche toute réflexion sur les modes de vie si divers des peuples du monde.
  • Le langage économique confond et nie les distinctions entre pauvreté et misère. C’est autour de l’idée de dépendance, et de la perte de puissance qui en découle, que s’articule l’ensemble du raisonnement.
  • De surcroît, « le pauvre certifié, objet potentiel d’intervention des pouvoirs publics, est le produit de l’internalisation d’une hétérodéfinition – littéralement : une définition par d’autres, par un pouvoir extérieur » (p. 53). Il est défini seulement comme un individu ne gagnant que un ou deux dollars par jour (p. 21), ce qui est « non seulement une aberration, mais une insulte à sa condition » (p. 26).
  • la notion de puissance, la potentia de Spinoza, maîtrise et plénitude intérieures alors que la potestas, ou pouvoir, est un pouvoir extérieur dont l’essence est l’exercice d’une force d’intervention sur les autres (p.43).
  •  les principales étapes : marchandisation croissante du monde et de ses ressources naturelles, prolétarisation et salarisation, expropriation et dévalorisation des modes de vie autres.
  • Les « manques » endémiques créés par la production systématique de biens et de services censés satisfaire des besoins – besoins socialement fabriqués – ont déjà produit de telles dépendances qu’il devient de plus en plus difficile, voire impossible, pour les majorités, de retrouver les modes de vie simples, conviviaux et divers qui faisaient toute la richesse de leur pauvreté »
  • Définissant le pauvre par son revenu, et ne proposant que des voies d’augmentation de ce revenu, ces politiques visent l’intégration des pauvres dans le système même qui menace leur autonomie, ne pourra satisfaire leurs nouveaux besoins engendrés par cette intégration, et les transformera en miséreux.
  • Le paquet des savoirs rationnels occidentaux a besoin, avant d’être accepté, demandé et redemandé, d’être précédé de cette vague irrationnelle de mépris inculqué envers les flexibles, subtils et intimes savoirs locaux, vague de choc qu’Ivan Illich qualifiait de disvaleur » (p. 84-85). Cette intériorisation constitue la clé de ce que les auteurs désignent comme une forme de servitude volontaire : « internalisation des désirs qu’il faut avoir, envie des savoirs des autres, mépris pour les siens propres, qui peut aller jusqu’à la honte intime » (p. 273).
  • Tout homme ou toute femme dispose en effet d’un fond de puissance qui lui est propre, qu’il peut mettre en jeu avec les autres
  • Plutôt que dans des institutions, ou dans des solutions proposées par des experts, l’espoir se situe dans les multitudes de devenirs minoritaires, qui ne sauraient s’agréger en une majorité abstraite,
  • Il se situe donc dans des processus qui « sont les devenirs, [qui] ne se jugent pas au résultat qui les terminerait, mais à la qualité de leurs cours et à la puissance de leur continuation », 
  • La « réinvention permanente du présent, à la fois aux plans personnel et social, est la clé de la liberté » (p. 277)
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