L’homme, la société et la maison
Extraits
- Les poignées des portes et la hauteur des fenêtres sont demeurées à hauteur d’homme dans le même temps que les sociétés, avec leurs bureaucraties et leurs « économies de marché » se sont étendues jusqu’à devenir mondialisées. Étrange condition de l’homme moderne[20] que celle-ci : rares sont les situations dans lesquelles il a l’occasion d’éprouver la démesure dans laquelle pourtant il s’inscrit et qu’il alimente chaque jour de son existence.
- Dans cet enchevêtrement, la maison individuelle américaine exerce sur nous un curieux pouvoir en dépit de ses défauts bien connus, comme l’inefficace utilisation des terres et des consommations d’énergie. Sa force, néanmoins, provient de ce qu’elle est l’unique part du monde alentour qui continue à témoigner directement de nos corps comme étant le centre et la mesure du monde.
- Mais peut-être serait-il judicieux de se demander si la maison à taille humaine n’est pas tant l’un des derniers bastions de la modernité à n’avoir pas encore été hubricisé[26] que ce refuge qui permet de rendre la vie supportable alors que tout le reste grandit par nos soins ?
- Ce qui est ici en tension, c’est donc le décalage entre le monde vécu et le monde le permettant. Cela ressemble fort au décalage dont nous entretien Günther Anders dans tous ses ouvrages[30]. Supprimer ce décalage, qui pour Anders est le mal par excellence, reviendrait donc à internaliser les interdépendances dans notre Umwelt. Ou, pour employer la belle terminologie polanyienne[31], enchâsser la société dans le quotidien.
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