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jeudi 5 septembre 2024

Histoire globale

Source : https://www.youtube.com/watch?v=SjgRbA918Bg

Podcast : Métabolisme de nos sociétés

Dans cet épisode, on va explorer comment l’humanité a complètement bouleversé son environnement au cours des 12 000 dernières années, et comment ces changements nous ont impactés en retour.

Nous allons étudier comment les sociétés humaines des Amériques, de l’Europe et de la Chine se sont transformées durant 4 grandes périodes de l’histoire :

Le Néolithique, l'âge des empires, la modernité , et la grande accélération.

Quels sont les éléments clés qui ont fait basculer nos sociétés, des fois jusqu’à leurs effondrements ? Qu’est-ce que le passé nous apprend pour faire face aux crises actuelles et futures ?

Laurent Testot est journaliste scientifique et spécialiste d’histoire globale  


 

mardi 24 octobre 2023

Les deux piliers de l’écosocialisme démocratique | Revue Terrestres | Jason Hickel

Source : https://www.terrestres.org/2023/09/29/les-deux-piliers-de-lecosocialisme-democratique/

Jason Hickel

Temps de lecture : 13 minutes

Inégalités : millier, million et milliard...

 

Et si les un peu riches, les riches, les très riches et les super riches ne faisaient pas partie de la même classe ?

Appréhender la différence

Pour compter jusqu'à 100 000, il faut un peu plus de 12 heures...
Pour compter jusqu'à 1 million, il faut 11 jours...
Pour compter jusqu'à 1 milliard, il faut 31 ans.


Rapport sur les riches en France, édition 2022

 

La seconde édition du Rapport sur les riches en France dresse un portrait social des privilégiés, à travers les données les plus récentes sur les revenus et sur le patrimoine. Elle présente aussi deux éclairages inédits sur le rôle de l’héritage d’une part, et sur les conditions de vie des riches d’autre part.



dimanche 18 septembre 2022

Déconstruire nos croyances sur l’économie du don

Source : https://mrmondialisation.org/deconstruire-nos-croyances-sur-leconomie-du-don

Définition du don et du potlatch

Le don semble se référer à une prestation volontaire, libre, gratuite et désintéressée. Or, malgré les apparences, les analyses du sociologue montrent que les échanges sous forme de don sont en réalité obligatoirement faits et rendus, contraints et intéressés.

Le potlatch repose sur trois obligations qui constituent son essence : celle de donner, de recevoir et enfin de rendre.

« Il a fallu la victoire du rationalisme et du mercantilisme pour que soient mises en vigueur, et élevées à la hauteur de principes, les notions de profit et d’individu».

Relation fusionnelle entre personnes et objets

Contrairement aux sociétés qui nous ont précédées, les sociétés modernes distinguent nettement droits personnels et droits réels, de même que les personnes et les choses, ainsi que l’obligation ou la prestation non gratuite et le don. 

Sa définition de la relation personnes-objets des sociétés antérieures

« il y a mélange de liens spirituels entre les choses qui sont à quelque degré de l’âme et les individus et les groupes qui se traitent à quelque degré comme des choses ».  

La morale du don toujours en vigueur

« une partie considérable de notre morale et de notre vie elle-même stationne toujours dans cette même atmosphère du don, de l’obligation et de la liberté mêlés. »

Nous accordons par ailleurs toujours une attache sentimentale aux objets malgré la morale marchande qui domine nos comportements.

Le neveu d’Émile Durkheim voit ainsi dans nos sociétés se mettre en place plusieurs principes socialistes de résistance à la froideur absolue des échanges entre individus, telle que la législation de l’assurance sociale

Retour à la morale des autres sociétés

En effet, le partage du travail dans la société du don a un sens profondément social, contrairement au néolibéralisme qui isole l’individu et le dissocie de son travail qui sert de profits à autrui. Or l’économie de l’échange et du don n’entre pas dans les cadres économiques de l’utilitarisme.

Autrefois, le don entrait dans le cadre d’une notion hybride selon l’anthropologue, à l’intersection entre des prestations libres, gratuites et des échanges intéressés, utiles.

la morale moderne et utilitariste centrée sur l’individu et le profit, est profondément inégalitaire et surtout socialement regrettable pour les êtres humains.

 

Références bibliographiques :

  1. Sociologie-Ethnologie. Auteurs et textes fondateurs. (ss dir) d’Alain Gras. Publications de la Sorbonne, 2003. Via https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Mauss
  2. Mauss, Marcel. Sociologie et anthropologie. Presses Universitaires de France, 2004.
  3. Sahlins Marshall. Philosophie politique de l’ « Essai sur le don ». In: L’Homme, 1968, tome 8 n°4. pp. 5-17.

 

dimanche 27 juin 2021

L'iceberg des économies capitalistes et patriarcales

Source : livre "Nous ne sommes pas seuls"

Lire des mécanismes communs au patriarcat et au capitalisme, le second semblant bien découler du premier si l'on regarde le régime relationnel à l’œuvre :

  1. invisibilisation
  2. appropriation
  3. exploitation 

Ah et bien voilà une image qui montre tout cela très bien !

Capitalisme < classisme < sexisme < colonialisme < naturalisme
traduire par  

  • exploitation du capital (faire du profit grâce à l'argent des autres) 
  • < exploitation du travail (faire du profit avec le travail des autres et sur les inégalités sociales) 
  • < exploitation des femmes (faire du profit "ménager, sexuel, reproductif, émotionnel, relationnel, de parole..." avec les femmes et sur les inégalités de genre) 
  • <  exploitation des autres pays/cultures (faire du profit avec les ressources et le travail des autres et sur les inégalités historiques de puissance politique et économique)
  • < exploitation du vivant (faire du profit avec la vie des autres qu'humains et sur les inégalités biologiques)



lundi 14 juin 2021

mercredi 9 juin 2021

BD - Les zapatistes viennent en Europe pour en faire une « Terre rebelle »

Source : https://reporterre.net/BEDE-Les-zapatistes-viennent-en-Europe-pour-en-faire-une-Terre-rebelle

Une délégation zapatiste a quitté le Mexique le 2 mai dernier pour rejoindre l’Europe. 

En octobre 2020, les zapatistes ont annoncé qu’ils iraient à la rencontre des résistances et des rébellions sur les cinq continents et qu’ils commenceraient par envahir… pardon, par visiter l’Europe. Le 2 mai 2021, une première délégation a quitté le Mexique, le voyage a commencé. L’objectif : envahir symboliquement les puissances coloniales pour montrer que les communautés autochtones mexicaines « n’ont toujours pas été conquises ». Pour ces zapatistes, en majorité des femmes, l’idée est aussi de défendre la vie et de lutter « contre toutes les formes de domination ».

Quatre femmes, deux hommes, un.e autre constituent l’Escadron 421 et ont embarqué sur la Montagne. Cette bande dessinée de Lisa Lugrin raconte leur périple au rythme d’un épisode par semaine en adaptant les communiqués publiés par les zapatistes. Reporterre publie ici en exclusivité le deuxième épisode et reprend le premier, déjà paru la semaine dernière.

Dans cette tribune, la dessinatrice Lisa Lugrin raconte leurs aventures en bande dessinée.

Lire la suite

Et la meilleure planche :

« Au nom des femmes, des enfants, des hommes, des anciens et, bien sûr, des zapatistes autres, je déclare que le nom de cette terre, que ses natifs appellent aujourd’hui “Europe”, s’appellera désormais : SLUMIL K’AJXEMKOP, ce qui signifie “Terre rebelle”, ou “Terre qui ne se résigne pas, qui ne défaille pas”. Et c’est ainsi qu’elle sera connue des habitants et des étrangers tant qu’il y aura ici quelqu’un qui n’abandonnera pas, qui ne se vendra pas et qui ne capitulera pas. »

jeudi 20 mai 2021

Idée-lecture : Des empires sous la terre

 

 Source : https://www.editionsladecouverte.fr/des_empires_sous_la_terre-9782348040467


Des empires sous la terre
Histoire écologique et raciale de la sécularisation
Mohamad AMER MEZIANE

On appelle généralement « sécularisation » le phénomène qui aurait vu les sociétés occidentales sortir du règne de l’hétéronomie et entrer dans l’ère de l’histoire et de l’autonomie. Dès lors les humains, guidés par la Raison, auraient construit un monde libéré des croyances et des superstitions.
C’est une tout autre histoire que raconte ce livre, une histoire dans laquelle la proclamation d’un monde sans Dieu est le fruit d’une « impérialité » hantant l’Europe et ses colonies depuis l’échec de la réunification de l’Empire chrétien par Charles Quint – un monde impérial qui s’annonce, dès la fin du XVIIIe siècle, comme le seul ayant dépassé les religions et ainsi capable de les réconcilier. Mais cette affirmation n’est possible qu’au prix de la racialisation de l’islam et de sa réduction à un universalisme concurrent, insécularisable et irrémédiablement « fanatique », ouvrant ainsi la voie à l’expansion européenne vers l’Afrique et l’Asie.
Outre la dimension raciale de la sécularisation, ce livre en met au jour une seconde, écologique celle-là. En l’absence d’un Royaume de l’au-delà, la Terre devient le seul monde « sacré », et l’exploitation de ses sols et sous-sols la source unique de la légitimité de l’Empire. Aiguisée par les rivalités interimpériales (entre la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne), la ruée sur les biens terrestres s’est peu à peu muée en destruction de l’écosystème global. Ainsi pouvons-nous faire remonter la crise climatique à ce surgissement impérial-séculier et qualifier l’ère qu’il a ouverte de « Sécularocène ». C’est la critique du Ciel qui a bouleversé la Terre. 



vendredi 4 septembre 2020

David Graeber

 Source : Reporterre 


Anthropologue brillant, David Graeber était un militant anarchiste, « avec un a minuscule », comme il se plaisait à le rappeler, pour insister sur la dimension pragmatique de son militantisme.

Il avait activement participé aux mobilisations altermondialistes du tournant des années 1990 au début des années 2000 en Amérique du Nord, et avait cofondé le Direct Action Network qui avait largement contribué à renouveler les répertoires d’action, vers plus de confrontation directe, de radicalité et de créativité.

Lire l'article

Il travaillait actuellement à une nouvelle somme, avec l’archéologue David Wengrow, qui devait être la première pierre d’une histoire au long court de l’égalité et de l’horizontalité. D. Wengrow et D. Graeber devaient montrer comment de nombreuses villes antiques, comptant parfois plusieurs dizaines de milliers d’habitants, s’organisaient sur un mode non-hiérarchique : il n’y avait nulle trace de richesse ostentatoire, de palais ou de villas, de quartiers protégés de la plèbe. Les habitant.e.s y vivaient en égalité, sans maîtres ni chef.fe.s. Graeber entendait montrer deux choses fondamentales pour penser l’émancipation aujourd’hui : l’égalité et l’horizontalité étaient possibles dans des sociétés vastes, avant l’invention de l’État. L’idée, très répandue, selon laquelle au-delà d’un certain nombre d’habitant.e.s, l’égalité et l’horizontalité ne seraient plus possibles ne serait ainsi qu’une chimère. La hiérarchie n’est pas la conséquence d’une population importante. Par ailleurs, l’égalité est un défi plus important à mesure que l’on se rapproche du foyer : ces villes étaient certes égalitaires, mais rien n’indique qu’il n’y avait pas de formes de domination et d’oppression à l’intérieur des maisons — se nouant bien sûr autour du genre.

Son regard fin, sa curiosité, son caractère affirmé et son appétence pour les controverses intellectuelles parfois vives vont nous manquer cruellement.

David combinait des analyses minutieuses, un luxe de détails (voir sa somme sur l’action directe, dans laquelle il écrit plusieurs paragraphes sur le type de stylo qu’il utilise) et de fulgurances analytiques incroyables — formant une pensée unique en son genre, rigoureuse, éclairante, stimulante, provocante, et toujours orientée vers l’action — car il se refusait à penser de manière abstraite, coupée des mobilisations sociales. C’est peut-être ce qui le distingue des autres penseurs des sociétés sans État (ou contre l’État), tels Pierre Clastres ou James C. Scott.

Il se disait parfois convaincu que le capitalisme avait déjà pris fin, mais que nous n’en avions pas encore pleinement pris la mesure — à nous de ne pas le faire mentir.


dimanche 5 avril 2020

Manifeste pour les « produits » de haute nécessité

C'était en 2012... une éternité !




Source : https://reporterre.net/Manifeste-pour-les-produits-de-haute-necessite

« Petits pays, soudain au cœur nouveau du monde, soudain immenses d’être les premiers exemples de sociétés post-capitalistes, capables de mettre en œuvre un épanouissement humain qui s’inscrit dans l’horizontale plénitude du vivant.... » Aux Antilles, la révolte annonce le renouveau, écrivent Edouard Glissant, Patrick Chamoiseau, et leurs amis.

C’est en solidarité pleine et sans réserve aucune que nous saluons le profond mouvement social qui s’est installé en Guadeloupe, puis en Martinique, et qui tend à se répandre à la Guyane et à la Réunion. Aucune de nos revendications n’est illégitime. Aucune n’est irrationnelle en soi, et surtout pas plus démesurée que les rouages du système auquel elle se confronte. Aucune ne saurait donc être négligée dans ce qu’elle représente, ni dans ce qu’elle implique en relation avec l’ensemble des autres revendications. Car la force de ce mouvement est d’avoir su organiser sur une même base ce qui jusqu’alors s’était vu disjoint, voire isolé dans la cécité catégorielle — à savoir les luttes jusqu’alors inaudibles dans les administrations, les hôpitaux, les établissements scolaires, les entreprises, les collectivités territoriales, tout le monde associatif, toutes les professions artisanales ou libérales...

Mais le plus important est que la dynamique du Lyannaj — qui est d’allier et de rallier, de lier, relier et relayer tout ce qui se trouvait désolidarisé — est que la souffrance réelle du plus grand nombre (confrontée à un délire de concentrations économiques, d’ententes et de profits) rejoint des aspirations diffuses, encore inexprimables mais bien réelles, chez les jeunes, les grandes personnes, oubliés, invisibles et autres souffrants indéchiffrables de nos sociétés. La plupart de ceux qui y défilent en masse découvrent (ou recommencent à se souvenir) que l’on peut saisir l’impossible au collet, ou enlever le trône de notre renoncement à la fatalité.

Cette grève est donc plus que légitime, et plus que bienfaisante, et ceux qui défaillent, temporisent, tergiversent, faillissent à lui porter des réponses décentes, se rapetissent et se condamnent.

Dès lors, derrière le prosaïque du « pouvoir d’achat » ou du « panier de la ménagère », se profile l’essentiel qui nous manque et qui donne du sens à l’existence, à savoir : le poétique. Toute vie humaine un peu équilibrée s’articule entre, d’un côté, les nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le prosaïque) ; et, de l’autre, l’aspiration à un épanouissement de soi, là où la nourriture est de dignité, d’honneur, de musique, de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie, de spiritualité, d’amour, de temps libre affecté à l’accomplissement du grand désir intime (en clair : le poétique). Comme le propose Edgar Morin, le vivre-pour-vivre, tout comme le vivre-pour-soi n’ouvrent à aucune plénitude sans le donner-à-vivre à ce que nous aimons, à ceux que nous aimons, aux impossibles et aux dépassements auxquels nous aspirons.

La « hausse des prix » ou « la vie chère » ne sont pas de petits diables - ziguidi - qui surgissent devant nous en cruauté spontanée, ou de la seule cuisse de quelques purs békés. Ce sont les résultantes d’une dentition de système où règne le dogme du libéralisme économique. Ce dernier s’est emparé de la planète, il pèse sur la totalité des peuples, et il préside dans tous les imaginaires — non à une épuration ethnique, mais bien à une sorte « d’épuration éthique » (entendre : désenchantement, désacralisation, désymbolisation, déconstruction même) de tout le fait humain.

Ce système a confiné nos existences dans des individuations égoïstes qui vous suppriment tout horizon et vous condamnent à deux misères profondes : être « consommateur » ou bien être « producteur ». Le consommateur ne travaillant que pour consommer ce que produit sa force de travail devenue marchandise ; et le producteur réduisant sa production à l’unique perspective de profits sans limites pour des consommations fantasmées sans limites. L’ensemble ouvre à cette socialisation anti-sociale, dont parlait André Gorz, et où l’économique devient ainsi sa propre finalité et déserte tout le reste.
Pour les "produits" de haute nécessité

Alors, quand le « prosaïque » n’ouvre pas aux élévations du « poétique », quand il devient sa propre finalité et se consume ainsi, nous avons tendance à croire que les aspirations de notre vie, et son besoin de sens, peuvent se loger dans ces codes-barres que sont « le pouvoir d’achat » ou « le panier de la ménagère ». Et pire : nous finissons par penser que la gestion vertueuse des misères les plus intolérables relève d’une politique humaine ou progressiste. Il est donc urgent d’escorter les « produits de premières nécessités », d’une autre catégorie de denrées ou de facteurs qui relèveraient résolument d’une « haute nécessité ». Par cette idée de « haute nécessité », nous appelons à prendre conscience du poétique déjà en œuvre dans un mouvement qui, au-delà du pouvoir d’achat, relève d’une exigence existentielle réelle, d’un appel très profond au plus noble de la vie. Alors que mettre dans ces « produits » de haute nécessité ? C’est tout ce qui constitue le cœur de notre souffrant désir de faire peuple et nation, d’entrer en dignité sur la grand-scène du monde, et qui ne se trouve pas aujourd’hui au centre des négociations en Martinique et en Guadeloupe, et bientôt sans doute en Guyane et à la Réunion.

D’abord, il ne saurait y avoir d’avancées sociales qui se contenteraient d’elles-mêmes. Toute avancée sociale ne se réalise vraiment que dans une expérience politique qui tirerait les leçons structurantes de ce qui s’est passé. Ce mouvement a mis en exergue le tragique émiettement institutionnel de nos pays, et l’absence de pouvoir qui lui sert d’ossature. Le « déterminant » ou bien le « décisif » s’obtient par des voyages ou par le téléphone. La compétence n’arrive que par des émissaires. La désinvolture et le mépris rôdent à tous les étages. L’éloignement, l’aveuglement et la déformation président aux analyses.

L’imbroglio des pseudos pouvoirs Région-Département-Préfet, tout comme cette chose qu’est l’association des maires, ont montré leur impuissance, même leur effondrement, quand une revendication massive et sérieuse surgit dans une entité culturelle historique identitaire humaine, distincte de celle de la métropole administrante, mais qui ne s’est jamais vue traitée comme telle. Les slogans et les demandes ont tout de suite sauté par-dessus nos « présidents locaux » pour s’en aller mander ailleurs. Hélas, tout victoire sociale qui s’obtiendrait ainsi (dans ce bond par-dessus nous-mêmes), et qui s’arrêterait là, renforcerait notre assimilation, donc conforterait notre inexistence au monde et nos pseudos pouvoirs.
Contre la logique du système libéral marchand

Ce mouvement se doit donc de fleurir en vision politique, laquelle devrait ouvrir à une force politique de renouvellement et de projection apte à nous faire accéder à la responsabilité de nous-mêmes par nous-mêmes et au pouvoir de nous-mêmes sur nous-mêmes. Et même si un tel pouvoir ne résoudrait vraiment aucun de ces problèmes, il nous permettrait à tout le moins de les aborder désormais en saine responsabilité, et donc de les traiter enfin plutôt que d’acquiescer aux sous-traitances. La question békée et des ghettos qui germent ici où là, est une petite question qu’une responsabilité politique endogène peut régler. Celle de la répartition et de la protection de nos terres à tous points de vue aussi. Celle de l’accueil préférentiel de nos jeunes tout autant. Celle d’une autre Justice ou de la lutte contre les fléaux de la drogue en relève largement...

Le déficit en responsabilité crée amertume, xénophobie, crainte de l’autre, confiance réduite en soi... La question de la responsabilité est donc de haute nécessité. C’est dans l’irresponsabilité collective que se nichent les blocages persistants dans les négociations actuelles. Et c’est dans la responsabilité que se trouve l’invention, la souplesse, la créativité, la nécessité de trouver des solutions endogènes praticables. C’est dans la responsabilité que l’échec ou l’impuissance devient un lieu d’expérience véritable et de maturation. C’est en responsabilité que l’on tend plus rapidement et plus positivement vers ce qui relève de l’essentiel, tant dans les luttes que dans les aspirations ou dans les analyses.

Ensuite, il y a la haute nécessité de comprendre que le labyrinthe obscur et indémêlable des prix (marges, sous-marges, commissions occultes et profits indécents) est inscrit dans une logique de système libéral marchand, lequel s’est étendu à l’ensemble de la planète avec la force aveugle d’une religion. Ils sont aussi enchâssés dans une absurdité coloniale qui nous a détournés de notre manger-pays, de notre environnement proche et de nos réalités culturelles, pour nous livrer sans pantalon et sans jardins-bokay aux modes alimentaires européens. C’est comme si la France avait été formatée pour importer toute son alimentation et ses produits de grande nécessité depuis des milliers et des milliers de kilomètres. Négocier dans ce cadre colonial absurde avec l’insondable chaîne des opérateurs et des intermédiaires peut certes améliorer quelque souffrance dans l’immédiat ; mais l’illusoire bienfaisance de ces accords sera vite balayée par le principe du « Marché » et par tous ces mécanismes qui créent un nuage de voracités, (donc de profitations nourries par « l’esprit colonial » et régulées par la distance) que les primes, gels, aménagements vertueux, réductions opportunistes, pianotements dérisoires de l’octroi de mer, ne sauraient endiguer.

Il y a donc une haute nécessité à nous vivre caribéens dans nos imports-exports vitaux, à nous penser américain pour la satisfaction de nos nécessités, de notre autosuffisance énergétique et alimentaire. L’autre très haute nécessité est ensuite de s’inscrire dans une contestation radicale du capitalisme contemporain qui n’est pas une perversion mais bien la plénitude hystérique d’un dogme. La haute nécessité est de tenter tout de suite de jeter les bases d’une société non économique, où l’idée de développement à croissance continuelle serait écartée au profit de celle d’épanouissement ; où emploi, salaire, consommation et production serait des lieux de création de soi et de parachèvement de l’humain.

Si le capitalisme (dans son principe très pur qui est la forme contemporaine) a créé ce Frankenstein consommateur qui se réduit à son panier de nécessités, il engendre aussi de bien lamentables « producteurs » – chefs d’entreprises, entrepreneurs, et autres socioprofessionnels ineptes – incapables de tressaillements en face d’un sursaut de souffrance et de l’impérieuse nécessité d’un autre imaginaire politique, économique, social et culturel. Et là, il n’existe pas de camps différents. Nous sommes tous victimes d’un système flou, globalisé, qu’il nous faut affronter ensemble. Ouvriers et petits patrons, consommateurs et producteurs, portent quelque part en eux, silencieuse mais bien irréductible, cette haute nécessité qu’il nous faut réveiller, à savoir : vivre la vie, et sa propre vie, dans l’élévation constante vers le plus noble et le plus exigeant, et donc vers le plus épanouissant. Ce qui revient à vivre sa vie, et la vie, dans toute l’ampleur du poétique.

On peut mettre la grande distribution à genoux en mangeant sain et autrement. On peut renvoyer la Sara et les compagnies pétrolières aux oubliettes, en rompant avec le tout automobile. On peut endiguer les agences de l’eau, leurs prix exorbitants, en considérant la moindre goutte sans attendre comme une denrée précieuse, à protéger partout, à utiliser comme on le ferait des dernières chiquetailles d’un trésor qui appartient à tous. On ne peut vaincre ni dépasser le prosaïque en demeurant dans la caverne du prosaïque, il faut ouvrir en poétique, en décroissance et en sobriété. Rien de ces institutions si arrogantes et puissantes aujourd’hui (banques, firmes transnationales, grandes surfaces, entrepreneurs de santé, téléphonie mobile...) ne sauraient ni ne pourraient y résister.

Enfin, sur la question des salaires et de l’emploi. Là aussi il nous faut déterminer la haute nécessité. Le capitalisme contemporain réduit la part salariale à mesure qu’il augmente sa production et ses profits. Le chômage est une conséquence directe de la diminution de son besoin de main d’œuvre. Quand il délocalise, ce n’est pas dans la recherche d’une main d’œuvre abondante, mais dans le souci d’un effondrement plus accéléré de la part salariale. Toute déflation salariale dégage des profits qui vont de suite au grand jeu welto de la finance. Réclamer une augmentation de salaire conséquente n’est donc en rien illégitime : c’est le début d’une équité qui doit se faire mondiale.

Quant à l’idée du « plein emploi », elle nous a été clouée dans l’imaginaire par les nécessités du développement industriel et les épurations éthiques qui l’ont accompagnée. Le travail à l’origine était inscrit dans un système symbolique et sacré (d’ordre politique, culturel, personnel) qui en déterminait les ampleurs et le sens. Sous la régie capitaliste, il a perdu son sens créateur et sa vertu épanouissante à mesure qu’il devenait, au détriment de tout le reste, tout à la fois un simple « emploi », et l’unique colonne vertébrale de nos semaines et de nos jours. Le travail a achevé de perdre toute signifiance quand, devenu lui-même une simple marchandise, il s’est mis à n’ouvrir qu’à la consommation.
Une vision du politique enchantée par l’utopie

Nous sommes maintenant au fond du gouffre. Il nous faut donc réinstaller le travail au sein du poétique. Même acharné, même pénible, qu’il redevienne un lieu d’accomplissement, d’invention sociale et de construction de soi, ou alors qu’il en soit un outil secondaire parmi d’autres. Il y a des myriades de compétences, de talents, de créativités, de folies bienfaisantes, qui se trouvent en ce moment stérilisés dans les couloirs ANPE [Agence nationale pour l’emploi - qu’a remplacé Pôle emploi] et les camps sans barbelés du chômage structurel né du capitalisme. Même quand nous nous serons débarrassés du dogme marchand, les avancées technologiques (vouées à la sobriété et à la décroissance sélective) nous aideront à transformer la valeur-travail en une sorte d’arc-en-ciel, allant du simple outil accessoire jusqu’à l’équation d’une activité à haute incandescence créatrice.

Le plein emploi ne sera pas du prosaïque productiviste, mais il s’envisagera dans ce qu’il peut créer en socialisation, en autoproduction, en temps libre, en temps mort, en ce qu’il pourra permettre de solidarités, de partages, de soutiens aux plus démantelés, de revitalisations écologiques de notre environnement... Il s’envisagera en « tout ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue ». Il y aura du travail et des revenus de citoyenneté dans ce qui stimule, qui aide à rêver, qui mène à méditer ou qui ouvre aux délices de l’ennui, qui installe en musique, qui oriente en randonnée dans le pays des livres, des arts, du chant, de la philosophie, de l’étude ou de la consommation de haute nécessité qui ouvre à création – créaconsommation. En valeur poétique, il n’existe ni chômage ni plein emploi ni assistanat, mais autorégénération et autoréorganisation, mais du possible à l’infini pour tous les talents, toutes les aspirations. En valeur poétique, le PIB des sociétés économiques révèle sa brutalité.

Voici ce premier panier que nous apportons à toutes les tables de négociations et à leurs prolongements : que le principe de gratuité soit posé pour tout ce qui permet un dégagement des chaînes, une amplification de l’imaginaire, une stimulation des facultés cognitives, une mise en créativité de tous, un déboulé sans manman de l’esprit. Que ce principe balise les chemins vers le livre, les contes, le théâtre, la musique, la danse, les arts visuels, l’artisanat, la culture et l’agriculture... Qu’il soit inscrit au porche des maternelles, des écoles, des lycées et collèges, des universités et de tous les lieux connaissance et de formation... Qu’il ouvre à des usages créateurs des technologies neuves et du cyberespace. Qu’il favorise tout ce qui permet d’entrer en Relation (rencontres, contacts, coopérations, interactions, errances qui orientent) avec les virtualités imprévisibles du Tout-Monde... C’est le gratuit en son principe qui permettra aux politiques sociales et culturelles publiques de déterminer l’ampleur des exceptions. C’est à partir de ce principe que nous devrons imaginer des échelles non marchandes allant du totalement gratuit à la participation réduite ou symbolique, du financement public au financement individuel et volontaire... C’est le gratuit en son principe qui devrait s’installer aux fondements de nos sociétés neuves et de nos solidarités imaginantes...

Projetons nos imaginaires dans ces hautes nécessités jusqu’à ce que la force du Lyannaj ou bien du vivre-ensemble, ne soit plus un « panier de ménagère », mais le souci démultiplié d’une plénitude de l’idée de l’humain. Imaginons ensemble un cadre politique de responsabilité pleine, dans des sociétés martiniquaise guadeloupéenne guyanaise réunionnaise nouvelles, prenant leur part souveraine aux luttes planétaires contre le capitalisme et pour un monde écologiquement nouveau. Profitons de cette conscience ouverte, à vif, pour que les négociations se nourrissent, prolongent et s’ouvrent comme une floraison dans une audience totale, sur ces nations qui sont les nôtres.

An gwan lodyans qui ne craint ni ne déserte les grands frissons de l’utopie.

Nous appelons donc à ces utopies où le Politique ne serait pas réduit à la gestion des misères inadmissibles ni à la régulation des sauvageries du « Marché », mais où il retrouverait son essence au service de tout ce qui confère une âme au prosaïque en le dépassant ou en l’instrumentalisant de la manière la plus étroite.

Nous appelons à une haute politique, à un art politique, qui installe l’individu, sa relation à l’Autre, au centre d’un projet commun où règne ce que la vie a de plus exigeant, de plus intense et de plus éclatant, et donc de plus sensible à la beauté.

Ainsi, chers compatriotes, en nous débarrassant des archaïsmes coloniaux, de la dépendance et de l’assistanat, en nous inscrivant résolument dans l’épanouissement écologique de nos pays et du monde à venir, en contestant la violence économique et le système marchand, nous naîtrons au monde avec une visibilité levée du post-capitalisme et d’un rapport écologique global aux équilibres de la planète....

Alors voici notre vision :

Petits pays, soudain au cœur nouveau du monde, soudain immenses d’être les premiers exemples de sociétés post-capitalistes, capables de mettre en œuvre un épanouissement humain qui s’inscrit dans l’horizontale plénitude du vivant....

......................................

Les signataires :

Ernest BRELEURN
Patrick CHAMOISEAU
Serge DOMI
Gérard DELVER
Edouard GLISSANT
Guillaume PIGEARD DE GURBERT
Olivier PORTECOP
Olivier PULVAR
Jean-Claude WILLIAM

dimanche 4 novembre 2012

Inde : la révolte des échoppes

Source : Blog Chicha et Télérama

Voici, comment les "pays en développement" pourraient emprunter un "tunnel de développement" qui ne passe pas par nos impasses... empêchons nos champions nationaux de foutre la merde là-bas aussi !

Le 20 septembre dernier, les principales villes indiennes ont connu une journée de grève sans précédent organisée par les défenseurs d'une identité indienne traditionnelle, sociale-démocrate, qui refuse le commerce mondialisé et aseptisé à l'occidentale.
Comme l'a déclaré Sashi Tharoor, écrivain et député kéralais, "chaque citoyen, ici, même le plus bas dans l'échelle sociale, s'intéresse à la vie publique, la politique au sens noble. Alors, si les élus trahissent le peuple, le peuple prendra la rue..."

Le peuple indien saura-t-il résister là où le peuple occidental a échoué ? On ne peut que l'espérer.

Lire l'article

Lire dans Télérama n°3277 l'article d'Emmanuel Tellier "la riposte des échoppes"

mercredi 10 octobre 2012

Jean Gadrey : la croissance n’est pas la solution à la « crise des dettes publiques » et encore moins à la crise systémique mondiale

Source : Blog Jean Gadrey 

Pour de multiples raisons que j’ai explicitées par ailleurs, je suis convaincu qu’on arrive à la fin de la société de croissance, quoi que l’on fasse, et qu’il serait bien d’anticiper vite la « transition vers un modèle post-croissance », plutôt que de subir ce qui serait une récession dramatique sans équivalent historique.

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samedi 9 juin 2012

« Nous n’avons pas mis fin à la croissance, la nature va s’en charger », par Dennis Meadows

Source : TerraEco via Blog Les-crises.fr

Interview – La croissance perpétuelle est-elle possible dans un monde fini ? Il y a quarante ans déjà, Dennis Meadows et ses acolytes répondaient par la négative. Aujourd’hui, le chercheur lit dans la crise les premiers signes d’un effondrement du système.


En 1972, dans un rapport commandé par le Club de Rome, des chercheurs de l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT) publient un rapport intitulé « Les limites de la croissance ». Leur idée est simple : la croissance infinie dans un monde aux ressources limitées est impossible. Aussi, si les hommes ne mettent pas fin à leur quête de croissance eux-mêmes, la nature le fera-t-elle pour eux, sans prendre de gants.

En 2004, le texte est, pour la deuxième fois, remis à jour. Sa version française vient – enfin – d’être publiée aux éditions Rue de l’échiquier. En visite à Paris pour présenter l’ouvrage, Dennis Meadows, l’un des auteurs principaux, revient sur la pertinence de projections vieilles de quarante ans et commente la crise de la zone euro, la raréfaction des ressources et le changement climatique, premiers symptômes, selon lui, d’un effondrement du système.

Terra eco : Vous avez écrit votre premier livre en 1972. Aujourd’hui la troisième édition – parue en 2004 – vient d’être traduite en français. Pourquoi, selon vous, votre livre est encore d’actualité ?

Dennis Meadows : A l’époque, on disait qu’on avait encore devant nous quarante ans de croissance globale. C’est ce que montrait notre scénario. Nous disions aussi que si nous ne changions rien, le système allait s’effondrer. Pourtant, dans les années 1970, la plupart des gens estimait que la croissance ne s’arrêterait jamais.C’est aujourd’hui que nous entrons dans cette période d’arrêt de la croissance. Tous les signes le montrent. Le changement climatique, la dislocation de la zone euro, la pénurie d’essence, les problèmes alimentaires sont les symptômes d’un système qui s’arrête. C’est crucial de comprendre qu’il ne s’agit pas de problèmes mais bien de symptômes. Si vous avez un cancer, vous pouvez avoir mal à la tête ou de la fièvre mais vous ne vous imaginez pas que si vous prenez de l’aspirine pour éliminer la fièvre, le cancer disparaîtra. Les gens traitent ces questions comme s’il s’agissait de problèmes qu’il suffit de résoudre pour que tout aille bien. Mais en réalité, si vous résolvez le problème à un endroit, la pression va se déplacer ailleurs. Et le changement ne passera pas par la technologie mais par des modifications sociales et culturelles.

Comment amorcer ce changement ?

Il faut changer notre manière de mesurer les valeurs. Il faut par exemple distinguer la croissance physique et de la croissance non physique, c’est-à-dire la croissance quantitative et la croissance qualitative. Quand vous avez un enfant, vous vous réjouissez, au départ, qu’il grandisse et se développe physiquement. Mais si à l’âge de 18 ou 20 ans il continuait à grandir, vous vous inquiéteriez et vous le cacheriez. Quand sa croissance physique est terminée, vous voulez en fait de la croissance qualitative. Vous voulez qu’il se développe intellectuellement, culturellement.Malheureusement, les hommes politiques n’agissent pas comme s’ils comprenaient la différence entre croissance quantitative et qualitative, celle qui passerait par l’amélioration du système éducatif, la création de meilleurs médias, de clubs pour que les gens se rencontrent… Ils poussent automatiquement le bouton de la croissance quantitative. C’est pourtant un mythe de croire que celle-ci va résoudre le problème de la zone euro, de la pauvreté, de l’environnement… La croissance physique ne fait aucune de ces choses-là.

Pourquoi les hommes politiques s’entêtent-ils dans cette voie ?

Vous buvez du café ? Et pourtant vous savez que ce n’est pas bon pour vous. Mais vous persistez parce que vous avez une addiction au café. Les politiques sont accros à la croissance. L’addiction, c’est faire quelque chose de dommageable mais qui fait apparaître les choses sous un jour meilleur à courte échéance. La croissance, les pesticides, les énergies fossiles, l’énergie bon marché, nous sommes accros à tout cela. Pourtant, nous savons que c’est mauvais, et la plupart des hommes politiques aussi.

Ils continuent néanmoins à dire que la croissance va résoudre la crise. Vous pensez qu’ils ne croient pas en ce qu’ils disent ?

Prenons l’exemple des actions en Bourse. Auparavant, on achetait des parts dans une compagnie parce qu’on pensait que c’était une bonne entreprise, qu’elle allait grandir et faire du profit. Maintenant, on le fait parce qu’on pense que d’autres personnes vont le penser et qu’on pourra revendre plus tard ces actions et faire une plus-value. Je pense que les politiciens sont un peu comme ça. Ils ne pensent pas vraiment que cette chose appelée croissance va résoudre le problème mais ils croient que le reste des gens le pensent. Les Japonais ont un dicton qui dit : « Si votre seul outil est un marteau, tout ressemble à un clou. » Si vous allez voir un chirurgien avec un problème, il va vous répondre « chirurgie », un psychiatre « psychanalyse », un économiste « croissance ». Ce sont les seuls outils dont ils disposent. Les gens veulent être utiles, ils ont un outil, ils imaginent donc que leur outil est utile.

Pensez-vous que pour changer ce genre de comportements, utiliser de nouveaux indicateurs de développement est une bonne manière de procéder ?

Oui, ça pourrait être utile. Mais est-ce ça qui résoudra le problème ? Non.

Mais qu’est-ce qui résoudra le problème alors ?

Rien. La plupart des problèmes, nous ne les résolvons pas. Nous n’avons pas résolu le problème des guerres, nous n’avons pas résolu le problème de la démographie. En revanche, le problème se résoudra de lui-même parce que vous ne pouvez pas avoir une croissance physique infinie sur une planète finie. Donc la croissance va s’arrêter. Les crises et les catastrophes sont des moyens pour la nature de stopper la croissance. Nous aurions pu l’arrêter avant, nous ne l’avons pas fait donc la nature va s’en charger. Le changement climatique est un bon moyen de stopper la croissance. La rareté des ressources est un autre bon moyen. La pénurie de nourriture aussi. Quand je dis « bon », je ne veux pas dire bon éthiquement ou moralement mais efficace. Ça marchera.

Mais y-a-t-il une place pour l’action ? La nature va-t-elle corriger les choses de toute façon ?

En 1972, nous étions en dessous de la capacité maximum de la Terre à supporter nos activités, à 85% environ. Aujourd’hui, nous sommes à 150%. Quand vous êtes en dessous du seuil critique, c’est une chose de stopper les choses. Quand vous êtes au-delà, c’en est une autre de revenir en arrière. Donc oui, la nature va corriger les choses. Malgré tout, à chaque moment, vous pouvez rendre les choses meilleures qu’elles n’auraient été autrement. Nous n’avons plus la possibilité d’éviter le changement climatique mais nous pouvons l’atténuer en agissant maintenant. En réduisant les émissions de CO2, l’utilisation d’énergie fossile dans le secteur agricole, en créant des voitures plus efficientes… Ces choses ne résoudront pas le problème mais il y a de gros et de petits effondrements. Je préfère les petits.

Vous parlez souvent de « résilience ». De quoi s’agit-il exactement ?

La résilience est un moyen de construire le système pour que, lorsque les chocs arrivent, vous puissiez continuer à fonctionner, vous ne vous effondriez pas complètement. J’ai déjà pensé à six manières d’améliorer la résilience. La première est de construire « des tampons ». Par exemple, vous faites un stock de nourriture dans votre cave : du riz, du lait en poudre, des bocaux de beurre de cacahuète… En cas de pénurie de nourriture, vous pouvez tenir plusieurs semaines. A l’échelle d’un pays, c’est par exemple l’Autriche qui construit de plus gros réservoirs au cas où la Russie fermerait l’approvisionnement en gaz. Deuxième chose : l’efficacité. Vous obtenez plus avec moins d’énergie, c’est ce qui se passe avec une voiture hybride par exemple… ou bien vous choisissez de discuter dans un café avec des amis plutôt que de faire une balade en voiture. En terme de quantité de bonheur par gallon d’essence dépensé, c’est plus efficace. Troisième chose : ériger des barrières pour protéger des chocs. Ce sont les digues à Fukushima par exemple. Quatrième outil : le « réseautage » qui vous rend moins dépendant des marchés. Au lieu d’employer une baby-sitter, vous demandez à votre voisin de garder vos enfants et en échange vous vous occupez de sa plomberie. Il y a aussi la surveillance qui permet d’avoir une meilleure information sur ce qu’il se passe. Enfin, la redondance qui consiste à élaborer deux systèmes pour remplir la même fonction, pour être prêt le jour où l’un des deux systèmes aura une faille. Ces six méthodes accroissent la résilience. Mais la résilience coûte de l’argent et ne donne pas de résultats immédiats. C’est pour cela que nous ne le faisons pas.

Si l’on en croit un schéma de votre livre, nous sommes presque arrivés au point d’effondrement. Et nous entrons aujourd’hui, selon vous, dans une période très périlleuse…

Je pense que nous allons voir plus de changement dans les vingt ans à venir que dans les cent dernières années. Il y aura des changements sociaux, économiques et politiques. Soyons clairs, la démocratie en Europe est menacée. Le chaos de la zone euro a le potentiel de mettre au pouvoir des régimes autoritaires.

Pourquoi ?
L’humanité obéit à une loi fondamentale : si les gens doivent choisir entre l’ordre et la liberté, ils choisissent l’ordre. C’est un fait qui n’arrête pas de se répéter dans l’histoire. L’Europe entre dans une période de désordre qui va mécontenter certaines personnes. Et vous allez avoir des gens qui vont vous dire : « Je peux garantir l’ordre, si vous me donnez le pouvoir. » L’extrémisme est une solution de court terme aux problèmes. Un des grands présidents des Etats-Unis a dit : « Le prix de la liberté est la vigilance éternelle. » Si on ne fait pas attention, si on prend la liberté pour acquise, on la perd.

mardi 22 mai 2012

La croissance ne reviendra jamais dans les pays “riches”

Source : MediaPart


Plus de vingt mille personnes ont défilé samedi à Francfort, à l'appel du collectif Blockupy Frankfurt, pour dénoncer les dérives des politiques d'austérité menées en Europe, en particulier sous l'impulsion de la Banque centrale européenne (BCE). C'est le point d'orgue d'une série de mobilisations enclenchées depuis mercredi, qui visent à gêner l'activité des banques au quotidien, dans la capitale financière de l'Allemagne (voir des diaporamas sur le site du Franckfurter Rundschau).

Le climat est particulièrement tendu depuis que la police a interpellé, vendredi, plus de 400 personnes dans la ville. En réaction, les Anonymous ont temporairement bloqué le site de la mairie de Francfort. Les autorités avaient décidé d'interdire les rassemblements de jeudi et vendredi, mais ont autorisé le défilé de samedi.

Dans la ligne de mire des activistes venus de toute l'Europe : les effets chaotiques de la politique menée en Grèce par la « Troïka » (le Fonds monétaire internationale, la Commission européenne et la BCE), l'absence de contrôle démocratique sur une institution aussi puissante que la BCE, ou encore le « pacte budgétaire », ce traité européen en chantier, qui devrait renforcer la discipline budgétaire au sein de la majorité des États membres de l'Union.

Ces actions interviennent à quelques jours d'un sommet européen informel, mercredi soir à Bruxelles, consacré au retour de la croissance sur le continent. Cette réunion doit préparer le terrain à l'adoption d'un « pacte de croissance », complément d'un « pacte de rigueur budgétaire ». Depuis l'élection de François Hollande, le 6 mai, tout le monde, désormais, parle de croissance.

Mais si le candidat socialiste a remporté une première victoire, celle de l'agenda politique, il est encore loin d'avoir gagné sur le fond. Car personne, en fait, ne donne le même contenu à ce mot valise de « croissance ». Preuve du flou ambiant, la Commission européenne défend toujours les trois mêmes piliers, pour sortir le continent de la crise : discipline budgétaire, investissements ciblés dans des secteurs à forte croissance, et réformes structurelles. Mais ces directions sont-elles compatibles, d'un point de vue économique ? Peut-on allier austérité et croissance ?

À partir d'aujourd'hui, et durant les jours à venir, Mediapart donne la parole à une série d'économistes hétérodoxes, pour ne pas enfermer le débat sur l'austérité et la croissance dans son carcan bruxellois. Le premier à répondre à nos questions est l'universitaire Jean Gadrey. Membre du conseil scientifique d'Attac, et spécialiste des indicateurs de richesse, il déconstruit les discours des dirigeants européens sur la relance de l'économie.

La stratégie de «croissance marchande privée» ne marchera pas

Que vous inspire cette soudaine fascination pour la croissance ? Angela Merkel, François Hollande ou José Manuel Barroso, le patron de la Commission européenne, proposent tous, avec des différences de degrés, de combiner austérité et croissance. Est-ce possible ?

Jean Gadrey. Une partie des dirigeants et des acteurs économiques dominants, qui pensaient qu’une bonne cure d’austérité, via une forte réduction des dépenses publiques, permettrait de retrouver, un peu plus tard, une belle croissance, s’aperçoit que l’inverse va se produire de façon durable et que la récession qui est déjà plus ou moins là en Europe va encore s’aggraver et se mondialiser. D’où les appels à des mesures plus favorables à la croissance marchande privée, mais dans l’austérité pour les finances publiques et surtout pour les dépenses sociales.

Comment voient-ils les choses ? En Allemagne, certains évoquent prudemment une petite hausse des salaires, mais en fait, la stratégie reste d’abord fondée sur deux volets. Un, la compétitivité, à la fois en tentant de relancer des investissements privés actuellement en berne et par des « réformes structurelles », essentiellement en matière de casse du droit du travail, de mise à mort des CDI, sur le modèle allemand des lois Hartz qui ont fait exploser le nombre des mini-jobs de travailleurs pauvres en même temps que le nombre total de pauvres. Et deux, le « moins d’État social », toujours considéré comme une charge qui freine la croissance, alourdit les coûts du travail et produit un assistanat généralisé.

Avec les lois Hartz et les mesures qui ont suivi, le montant de l’équivalent allemand du RSA est passé 448 euros mensuels à 345, et rien qu’entre le 2e trimestre 2008 et le 4e  trimestre 2011, la progression du nombre de mini-jobs (emplois exemptés de toute cotisation sociale, dès lors que le revenu d’activité est inférieur à 400 euros mensuels) a été de 800 000. Le taux de pauvreté monétaire en Allemagne est passé (pour les personnes en âge de travailler) de 12,2 % en 2005 à 15,6 % en 2010 (source).

Angela Merkel a fini par admettre que l’on puisse financer des investissements européens d’énergie et de transport, mais elle refuse que cela passe par des fonds publics, à l’exception des 80 milliards d’euros soi-disant inemployés des « fonds structurels » européens. Et elle ne voit le tout que dans le cadre de la privatisation des entreprises d’énergie et de transports: c’est ce qu'il se pratique en Grèce.

Cette stratégie de croissance privée dans l’austérité publique ne marchera pas, et même la croissance, qui n’est pas un objectif en soi, ne sera pas au rendez-vous. Une telle crise exige plus d’interventions et de ressources publiques, plus d’imposition des plus riches et des grandes entreprises, plus de sélectivité des dépenses et des investissements, et surtout une reprise en main de la finance, non pas pour « faire de la croissance » de n’importe quoi, mais selon des critères d'un développement humain et social soutenable.

François Hollande tient-il un discours vraiment différent ? Après tout, lui aussi s'est engagé à respecter les objectifs budgétaires extrêmement serrés, en même temps qu'il promet la croissance...

C'est peut-être un peu tôt pour le dire. La question est ouverte. Les discours, dans son entourage, restent ambigus. Cela dépendra donc de l'évolution de ses conseillers, mais aussi de ce qui pourra émerger des mouvements sociaux et de la société civile dans les semaines à venir.

« La croissance ne reviendra jamais dans les pays “riches” »

Le débat qui vient de s'ouvrir sur la croissance, ouvre-t-il une fenêtre d'opportunité pour imposer, enfin, les travaux des économistes sur le bien-être et sur des mesures alternatives au Produit intérieur brut (PIB) ?

La gravité de la crise est à la fois une chance et un frein. C’est une chance car la prise de conscience des dégâts du « libéral-croissancisme » et du culte du PIB comme indicateur de progrès est plus vive. C’est un frein car le réflexe politique et médiatique dominant en situation de récession rampante ou avérée reste : « Faisons vite du PIB et de la croissance ! » J’ignore quelle tendance l’emportera, bien qu’à titre personnel, je pense que la gravité de la crise exige plus que jamais la relativisation du PIB et de la croissance et le recours prioritaire à des indicateurs écologiques et sociaux choisis démocratiquement.

Il est de plus en plus permis de penser que, pour des raisons multiples tenant d’abord à la finitude des ressources naturelles, à de multiples « pics » de ressources du sous-sol (on parle non plus seulement du « peak oil », le pic du pétrole, mais du « peak all », le pic de tout), aux exigences de la lutte contre le réchauffement climatique, la croissance ne reviendra pas dans les pays “riches”. Jamais. Ou alors une croissance faible, incertaine, plus proche en moyenne de zéro que des 2 à 3 % que presque tous les dirigeants continuent à juger nécessaires.

C’est d’ailleurs très clairement la tendance historique depuis 50 ans (voir graphique ci-dessous). N’est-il pas temps de penser autrement le progrès et l’émancipation ? Le bien-être et la justice ne sont plus depuis longtemps des questions liées à la croissance quantitative.


Mario Monti, le chef du gouvernement italien, a proposé que l'on exclue du calcul du déficit public, pendant trois ans, les investissements « stratégiques » dans l'internet haut débit ou encore dans l'informatisation des administrations publiques. Qu'en pensez-vous ?

C’est pour l’essentiel une astuce comptable qui revient, quand un thermomètre corporel donne une température trop élevée, à en prendre un autre qui donne un ou deux degrés de moins. Cela ne guérit personne. Mario Monti, comme ancien de Goldman Sachs, a peut-être une expérience du trucage des chiffres des dettes publiques, vu ce que cette firme a pratiqué en Grèce…

D’abord, qu’est-ce que l’investissement (brut) public ? Dans les comptes de la Nation, c’est la « formation brute de capital fixe » (FBCF). En 2011, la FBCF des administrations publiques françaises s'est établie à 61,4 milliards d’euros, soit 3,07 % d’un PIB de 2 000 milliards d’euros. Le déficit public au sens de Maastricht a été de 103 milliards, soit 5,2 % du PIB. Si on décidait d’enlever toute la FBCF du déficit, ce dernier ne compterait que pour 2,1 % du PIB et, en apparence, on serait dans les clous, en tout cas ceux de Maastricht.

Artifice comptable

Enlever du déficit public la totalité de la FBCF des administrations n’est évidemment pas ce que propose la fraction des néolibéraux préoccupée par le risque d’une récession devenant grande dépression! Ils nous parlent d’« investissements publics stratégiques ». Cela peut se résumer ainsi : après avoir déversé massivement et sans grand succès – parce que sans exigences de contreparties – des liquidités sur des banques, il est temps d’en déverser – toujours sans contreparties – sur les grandes entreprises, sur nos “champions” nationaux et européens, au nom de leur sacro-sainte compétitivité.

Les Mario Monti, Mario Dragui (président de la Banque centrale européenne – ndlr), Angela Merkel et autre José Manuel Barroso pourraient ainsi privilégier d’une part les grandes firmes de haute technologie, d’autre part les grandes infrastructures bétonnées, et enfin les partenariats public-privé, qui sont une bonne méthode pour socialiser les pertes à long terme et privatiser les profits à court et moyen terme. Ils y ajouteront une pincée d’investissements dans les énergies renouvelables et les transports, mais seulement en direction de leurs “champions” industriels, pas vers les innombrables initiatives locales, coopératives, à taille humaine.

Pourquoi est-ce un artifice comptable qui ne trompera personne ? Parce que, même si certaines dépenses d’investissement sont exclues des « dépenses publiques au sens de Monti », elles reposeront largement sur des emprunts publics. Et si ces emprunts sont effectués auprès des marchés, la vraie dette, celle qu’il faut rembourser, intérêts compris, ne sera pas changée pour autant. De sorte que les marchés, qui sont certes moutonniers et peu prévisibles mais pas fous, spéculeront tout autant qu’avant. On aura alors plus d’aides publiques au secteur privé, mais pas moins de vraie dette et de vraie spéculation !

Tant que les marchés financiers, c’est-à-dire les gros spéculateurs du monde, sont les prêteurs, libres de déterminer les taux d’intérêt, l’astuce comptable de Mario Monti nous maintient dans la crise.

Les choses seraient bien différentes si une politique ambitieuse d’investissements écologiques et sociaux européens était financée à taux très bas par la banque centrale ou par une banque publique d’investissement empruntant elle-même à taux très bas, en dehors du marché financier et de la spéculation. Il s’agirait d’une « réforme structurelle »… de la finance, pas d’une astuce comptable. Mais si on retient cette voie, ce qui est souhaitable, alors il est une dépense d’avenir qu’il faudrait d’urgence faire financer directement par la BCE : l’excès de dette des pays les plus en difficulté. C’est même aujourd’hui ce qui bouche le plus l’horizon.

mardi 28 février 2012

Evolution du budget de l'Etat


Source : Les-Crises.fr



Les effets de la crise sautent aux yeux : les recettes se sont écroulées fin 2008 (principalement l’impôt sur les sociétés, mais aussi l’impôt sur le revenu), puis les dépenses ont explosé – en raison des plans de relance. Le déficit a ainsi atteint le niveau record de 150 Md€ fin 2010 !
Comme prévu, les dépenses baissent en 2011 – mais il s’agit juste de la fin des plans de relance (c’est donc la fin des hausses de dépenses temporaires – avec sans doute un effet récessif du coup). On voit d’ailleurs l’effet sur la croissance de la baisse des dépenses publiques – qui effectuent un inutile et ruineux acharnement thérapeutique depuis 3 ans. Bref, la voiture Économie a redémarré malgré sa panne d’essence, mais juste parce que c’est l’État qui poussait depuis 3 ans…

dimanche 26 février 2012

Frédéric Lordon : "Un monde s'écroule sous nos yeux"

Source : RevueDesLivres
Frédéric Lordon : "Un monde s'écroule sous nos yeux"

  • Il y a enfin, et peut-être surtout, la crise historique de l’idée de souveraineté, attaquée de deux côtés.
    Du côté des marchés financiers, puisqu’il est maintenant évident que les politiques publiques ne sont pas conduites d’après les intérêts (seuls) légitimes du corps social, mais selon les injonctions des créanciers internationaux, devenus « corps social concurrent », tiers intrus au contrat social, ayant spectaculairement évincé l’une de ses parties. Et du côté de la construction européenne, puisque, en « bonne logique », il faut reconduire et approfondir ce qui s’est déjà montré toxique à souhait : en l’occurrence le modèle européen tel qu’il soumet les politiques économiques nationales, d’une part à la tutelle des marchés de capitaux, d’autre part à un appareil de règles dont le durcissement est en train de conduire à la dépossession complète des souverainetés au profit d’un corps de contrôleurs (la Commission) ou de contraintes constitutionnelles (« règles d’or »), et dont il faut simplement imaginer la dépression où elles nous auraient plongés, eussent-elles été appliquées dès 2008
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mercredi 1 février 2012

Trop de riches tue l'impôt

Source : LeMonde.fr


  • "Mais le constat ne doit pas s'arrêter là. Si la dette publique repose sur l'ensemble de la population, le patrimoine privé est inégalitairement réparti. 
  • Le Credit Suisse estime ainsi que le coeur de clientèle des grandes banques genevoises est constitué du nombre de millionnaires adultes en dollars par pays (pour un couple, il faut avoir 2 millions). En 2011, selon les calculs de la banque suisse, la Finlande en compte 80 000, l'Allemagne, 1,75 million, l'Italie, 1,54 million... et la France, 2,61 millions ! Près de 9 % des millionnaires de la planète se trouvent sur le territoire hexagonal. Voici enfin une bonne nouvelle, dont le gouvernement fait peu de publicité ! 
  • Il serait donc légitime que l'effort soit prioritairement supporté par de si nombreux millionnaires. Un quart de leur patrimoine suffirait à diviser par deux la dette nette de l'Etat en France, ou de réduire la dette transalpine d'environ un tiers.
  • L'obstacle est alors politique. Les millionnaires représentent 5,5 % des adultes en France et 3,2 % en Italie, contre seulement 2,6 % en Allemagne et 1,9 % en Finlande. Comme les millionnaires sont plus souvent inscrits sur les listes électorales, et participent plus aux scrutins électoraux, ils peuvent représenter un douzième des votants lors des prochaines élections organisées en France. Cela ne justifie-t-il pas une politique de préservation des gros patrimoines, au détriment des finances publiques ?"

Début d'une étude sur l'origine de la dette publique

Source : Wiki Dette et Monnaie


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Démêler le vrai du faux à propos de l’Islande : la finance

Source : CADTM

Depuis la crise en 2008, l’Islande a suscité beaucoup d’espoirs et réveillé les imaginations, de façon inversement proportionnelle à la taille de ce petit pays. Les rumeurs les plus folles ont circulé, allant jusqu’à parler de " Révolution ". Certains mouvements sociaux citant en exemple ce peuple de 320 000 habitants avec des informations pas toujours justes.
Qu’en est-il exactement ? Regardons-y de plus près.


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