Source : decroissance-elections.fr
Devant les crises écologiques, sociales, économiques, démocratiques et fondamentalement anthropologiques, les décroissants ne croient pas que la croissance soit une solution : la croissance est le problème.
Nous ne voulons pas d’un « monde de la croissance ». Nous rêvons au contraire d’un monde libéré du mythe de la croissance, nous rêvons d’un « monde d’a-croissance » (suivant l’expression de Serge Latouche). Nous aurons donc besoin d’une transition pour passer d’un monde à un autre, pour nous « désaccoutumer à la croissance » : si cette transition est volontaire et démocratiquement choisie, elle est la « décroissance ».
La première des décroissances est celle des inégalités entre les enrichis du « Nord global » et les appauvris du « Sud global ». Nous savons aussi que le modèle de toute domination est la domination patriarcale. C’est pourquoi notre décroissance est de gauche ; si « être de gauche », c’est percevoir le monde du point de vue des dominés, des exploités, des humiliés, alors les décroissants sont naturellement de gauche.
Notre décroissance est même « socialiste » au sens où André Gorz disait que le socialisme comme critique du capitalisme ne disparaîtra qu’avec l’objet de sa critique. Mais notre socialisme hérite plutôt du socialisme utopique, celui des expérimentations sociales minoritaires. Pour nous, une utopie n’est pas un « but » inaccessible mais un « dé-but », le début de la Transition écologique et sociale, sans attendre.
Notre gauche est anti-productiviste car une croissance infinie dans un monde fini est une mystification économique et écologique : nous savons très bien que, dans le monde de la croissance, le chômage n’est pas un problème, il est juste une solution. Ainsi, le travail n’est pas non plus pour nous une solution (au chômage). C’est pourquoi nous adhérons au slogan : « Abolir le Travail, garantir le revenu ». Nous sommes anti-capitalistes parce que nous sommes anti-productivistes : une centrale nucléaire même autogérée démocratiquement, c’est encore une centrale nucléaire !
Comme nous savons 1/ qu’il n’y a pas de production sans consommation et 2/ que la décroissance ne pourra être choisie et soutenable que si c’est la baisse de la consommation qui provoque la baisse de la production, alors nous sommes aussi des anti-consuméristes : la société de consommation est absurde, une croissance infinie dans un monde fini est absurde. Une société de dé-consommation s’inscrit dans une démarche d’empreinte écologique soutenable.
Nous savons que de nombreux objecteurs de croissance, notamment ceux qui se revendiquent de la « simplicité volontaire », refusent de participer au spectacle des élections. Nous n’ignorons pas ce « spectacle » mais nous pensons que les élections sont aussi un des moments politiques où nous devons porter, avec d’autres, un projet politique avec des propositions cohérentes qui dessinent une société écologiquement responsable, socialement juste, humainement décente, démocratiquement organisée.
Nous sommes cependant « sans illusion » sur la prise préalable du pouvoir comme condition pour changer le monde et c’est pourquoi nous sommes surtout présents dans ce que nous appelons les « alternatives » et les « utopies concrètes » (amap, monnaie locale, habitat groupé, coopérative…).
C’est en ce sens que nous cherchons à construire un « front écologique et social des luttes » dans lequel les « luttes contre » (des formes classiques de la résistance à la désobéissance) convergent avec les « luttes pour » et les « luttes avec ».
Si la démocratie repose sur la capacité partagée par tous d’être gouvernés et de gouverner, alors nous ne voulons pas abandonner la politique aux professionnels de la politique spectacle : c’est le sens de notre présence à ces élections.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire