dimanche 29 novembre 2015

COP 21 : simulacres et simulation ?

Source : Blog Yannick RUMPALA

Les résultats de la COP 21 susciteront forcément une multitude de commentaires. La grille d’analyse qui risque de s’avérer la plus pertinente pour cette nouvelle conférence est probablement celle qu’Ingolfur Blühdorn avait déjà posée à propos de la COP 15, autre grand rassemblement qui avait eu lieu à Copenhague en décembre 2009. Cet enseignant-chercheur de l’Université de Bath, en Angleterre, avait montré le paradoxe déjà présent dans la quinzième session de la Conférence des Parties.

D’un côté, il semble en effet y avoir une large reconnaissance de la nécessité, pour les sociétés de consommation des pays les plus riches, de changer radicalement leurs valeurs et leurs modes de vie si elles prétendent vraiment vouloir enrayer le changement climatique (ou plutôt pour en atténuer les effets, compte tenu de la tendance apparemment largement engagée).

D’un autre côté, les réticences sont massives, multiples et telles que finit par dominer l’incapacité à mettre en œuvre un tel changement. Ingolfur Blühdorn a cherché à expliquer cette impasse en s’appuyant sur les conceptualisations de Jean Baudrillard (sur le simulacre qui se fait passer ou qui est pris pour une vérité), et il montre ainsi que ce qui s’est construit est davantage une politique de « non-soutenabilité », où il s’agit, par des jeux d’affichage, de « soutenir l’insoutenable ». Autrement dit, de simuler, de faire paraître réel ce qui ne l’est pas : des engagements qui s’avèrent en contradiction avec les pratiques restant dominantes et avec des politiques gouvernementales qui reviendront rapidement aux classiques objectifs de croissance économique.

Et en plus, en contribuant à dépolitiser les enjeux environnementaux par leur technicisation, au profit donc d’une expertise qui peut les rendre moins accessible à une large appréhension par les populations (c’est également pour cela qu’Ingolfur Blühdorn préfère parler de « post-écologisme »).

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